Le Cercle Médiéval


les Huns.

Lisa Garnier

Si, depuis le premier siècle de notre ère, les peuples situés au-delà de la frontière de l'Empire romain sont restés relativement calmes malgré quelques escarmouches, tout bascule en 375. Les Huns, ces barbares venus des steppes eurasiatiques, s'attaquent aux royaumes wisigoth et ostrogoth d'Ukraine. C'est le début d'un grand bouleversement au sein des territoires germaniques. Cette fois, les Barbares n'hésitent pas à se replier sur l'Empire. À la différence des Ostrogoths, les Wisigoths insoumis devant les Huns traversent la frontière du Danube et pénètrent dans l'Empire romain d'Orient. Trente ans plus tard, ce sont les Vandales et les Suèves, également Germains orientaux, et les Alains, nomades iranophones, qui franchissent le Rhin gelé à la fin de 406 et déferlent sur la Gaule. Englobés sous les noms de Germains occidentaux et orientaux, ces peuples nous sont connus grâce aux divers témoignages écrits. Ainsi « dès l'an 100, Tacite situe les principaux peuples germaniques, note Patrick Périn, directeur du musée d'Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye. D'ailleurs, en l'étudiant, on remarque que plus on s'éloigne du Rhin et du Danube, moins les peuples décrits sont nombreux. Il faut dire qu 'à cette époque les Romains ne s'aventuraient jamais trop loin dans ces contrées. » En revanche, la localisation des sites archéologiques prouvant la véritable présence des peuples germaniques à ces époques se révèle beaucoup plus difficile. D'une part, parce que depuis le Ier siècle, ils changeaient régulièrement de territoire. D'autre part, certaines de ces terres étaient déjà peuplées par les Celtes qui étaient répartis du bassin des Carpâtes jusqu'à l'Angleterre. « Dans les régions d'Allemagne moyenne, on ne sait pas toujours différencier les sites archéologiques celtes et germaniques, souligne Patrick Périn. Il n'y a pas mille et une façons de construire une maison en bois, par exemple. » La plupart des Barbares incinéraient aussi leurs défunts. Seules les élites comme les rois ou chefs de clan ainsi que leurs familles étaient parfois inhumées.

Les Huns au combat contre les Alains

Établis dans la région de l'Oural, les Huns déferlent vers l'Europe et
attaquent, en 375, les royaumes ostrogoth et wisigoth. C'est le début
des grandes invasions. Ci-dessus, Les Huns au combat contre les Alains
Illustration de Johann Nepomuk Geiger (1873)

C'est donc avec la diffusion de quelques objets et de coutumes - en particulier des inhumations - que l'on peut tenter de reconstituer leur culture. « L'étude de leurs costumes traditionnels est un bon point de départ, explique Katalin Escher, spécialiste des populations burgondes. Les femmes de bonnes familles étaient enterrées avec leurs bijoux. C'était des distinctions traditionnelles qui ne s'échangeaient pas. » En revanche, on ne sait pas si le costume mortuaire correspondait à celui qu'elles portaient dans la vie quotidienne. « Pour les hommes, c'est plus difficile, poursuit l'historienne. S'ils étaient enterrés avec leurs armes, ce qui n'est pas toujours le cas, celles-ci pouvaient être romaines puisque nombre d'entre eux étaient aussi des soldats romains. Et puis, il y a la forme des peignes, des fibules, des types de poterie... »

Aujourd'hui, les historiens distinguent les Germains orientaux qui comprennent les Burgondes, les Goths, les Vandales, les Gépides, les Skires et les Hérules, les Germains occidentaux avec les Francs et les Alamans, les Germains de l'Elbe avec les Suèves et les Lombards et enfin les Germains de la mer du Nord avec les Ruges, les Angles, les Jutes, les Saxons et les Frisons. Les recherches archéologiques ont d'ailleurs montré que plusieurs cultures archéologiques proches se répartissent entre les fleuves Oder et Vistule du Ier siècle au début du IIIe siècle après Jésus-Christ. Appelées de Przeworsk, de Wielbark, de Luboszyce et de Debczyno, elles ont laissé de nombreuses nécropoles - dont les traces sont peu visibles parce que la population ne réalisait pas encore d'aménagement spécifique architectural - et des habitats non fortifiés.




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