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Le Cercle Médiéval en police de caractère adaptée


La crémaillère au Moyen-âge

Dictionnaire du Moyen-âge

Par
Eugène Viollet-le-Duc

Eugène Viollet-le-Duc

Tige de fer avec crochet, pouvant être haussée ou baissée à volonté au moyen d'un engrenage vertical, et servant à suspendre les marmites au-dessus de l'âtre des cheminées. Des princes ont possédé parfois des crémaillères d'argent. L'inventaire de Charles V fait mention d'une de ces crémaillères du poids de 24 marcs 6 onces avec les grils et le trépied. On voit des crémaillères figurées dans des vignettes de manuscrits du XIIIe siècle, qui se composent d'une tige de fer avec un anneau oblong, à travers lequel passe une lame de fer dentelée se terminant en crochet à son extrémité inférieure.

Mais nous ne connaissons pas de crémaillères perfectionnées avant le XIVe siècle. Celle que nous donnons ici (fig. 1) date de cette époque ; elle est de fer forgé et très-complète (1). Elle se compose d'une double tringle de fer A que l'on suspendait à un crochet tenant à une chaîne scellée dans le tuyau de la cheminée, au-dessus de l'âtre. A l'extrémité inférieure de ces tringles jumelles et terminées en boucle (voy. en B), passe un boulon libre, muni d'une large rondelle C sur le devant, et d'un morceau de fer plié DE qui se croise ; il est traversé par un goujon F qu'on engage dans les dents de la crémaillère.

crémaillère du XIVe siècle

Figure 1

Un guide G, fixé au sommet de celle-ci, coule sur l'une des tiges (voy. la section a). Lorsqu'on veut hausser ou baisser la crémaillère, on prend d'une main l'extrémité E. de l'autre la fleur de lis, en soulevant la lame dentelée, le goujon F échappe l'engrenage, et on le fait entrer dans le cran convenable, suivant le niveau qu'on veut donner au crochet inférieur I. Quand le guide G vient toucher la rondelle C, le crochet I est aussi bas que possible ; quand le goujon F entre dans la dernière entaille K, le crochet I est au point le plus élevé. En H, est présentée la crémaillère de profil.

Mais il fallait pouvoir suspendre à cette crémaillère une ou plusieurs marmites. A cet effet, était disposée la suspension E. L'anneau b entrait dans le crochet I de la crémaillère. A cet anneau, par un boulon, était attachée la tige plate M, terminée par une traverse N, munie de crochets n (voy. le profil n').

Deux tringles T, attachées librement à un piton p, étaient terminées par deux boucles avec crochets s. Suivant que les marmites étaient d'un diamètre plus ou moins grand, on arrêtait les tringles T aux deux premiers ou aux deux seconds crochets n. Si l'on ne mettait qu'une marmite au feu, on la suspendait à la tringle centrale R. Tous ces objets sont tracés au dixième de l'exécution. Le musée de Cluny conserve de belles crémaillères du XVe siècle, de fer forgé. Ces objets, très-communs encore dans les petites villes et dans les campagnes, il y a quelques années, sont devenus fort rares ; la plupart ont été vendus comme vieille ferraille ; plusieurs ont été achetés par les brocanteurs et font aujourd'hui partie de collections particulières.

  1. Musée de Cluny, XVe siècle


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