Le Cercle Médiéval


Louis VI le Gros, Sa vie.

LE SACRE DU PRINCE PHILIPPE, FILS AINE DE LOUIS VI

Louis VI, le Gros.

Louis VI le Gros.

En 1120, pour préparer sa succession et assurer la légitimité de la dynastie capétienne, Louis VI désigne le prince Philippe, son fils aîné, comme son successeur, puis l'associe officiellement au trône huit ans plus tard. Le jour de Pâques 1129, le 14 avril, l'adolescent va être couronné et sacré roi à Reims. Mais, victime d'un tragique et mortel accident, il ne règnera jamais.

En 1120, le prince Philippe, fils aîné de Louis VI et de la reine Adélaïde de Savoie, est à peine âgé de quatre ans, lorsque le 18 avril, jour de Pâques, il est désigné comme le successeur de son père et acclamé par les grands du royaume. Dès lors, comme ceux de sa mère, le nom et l'approbation de l'enfant sont dûment mentionnés dans les actes et les diplômes royaux. Cinquième des souverains capétiens, Louis VI prend ainsi soin de signifier de son vivant la légitimité de son fils aîné et la continuité dynastique. Cette précaution est destinée à assurer une succession à peu près paisible et surtout à faire obstacle aux grands seigneurs qui auraient le front de revendiquer la Couronne de France.

Au cours de l'été 1128, Louis VI associe officiellement son aîné au trône, comme l'a fait vingt ans auparavant son propre père Philippe 1er. D'une santé florissante et de manières agréables, le jeune prince porte avec lui "l'espoir des bons et la terreur des méchants", souligne Suger, l'abbé de Saint Denis, ami et conseiller du roi. En août 1128, un diplôme royal mentionne que "à la prière de Matthieu, évêque d'Albano et légat du siège apostolitique, de la reine Adélaïde et de Philippe, roi désigné, Louis VI déclare quitte de ses coutumes et exactions la terre que le prieuré de Saint Martin des Champs possédait à Pontoise".

A peu près au même moment, devant le chapitre de Notre Dame, "le roi de France et la reine Adélaïde notifient qu'avec le consentement de leur fils aîné Philippe, ils se sont engagés par serment (...) à ne laisser modifier et diminuer d'aucune manière l'antique constitution et les privilèges de leur église". Le jour de Pâques 1129, un 14 avril l'héritier au trône est couronné et sacré à Reims par l'archevêque Renaud. Les actes postérieurs à son intronisation rappellent avec insistance son statut de successeur de Louis VI : "Philippe, couronné la même année","Philippe le jeune roi" ou encore "Le glorieux roi Philippe".

Au début de 1131, le prince est au côté de son père quand celui-ci reçoit le pape Innocent II au monastère de Saint Benoit, à Fleury sur Loire. Autant dire que Louis VI ne s'accroche pas au pouvoir, comme le fera plus tard le roi d'Angleterre Henry II Plantagenêt, qui refusera de partager le sien avec ses fils, arrivés eux à l'âge d'homme!

Mais le 13 octobre 1131, la famille royale est frappée par un terrible drame. En prévision d'une expédition militaire dans le Vexin, Louis VI a levé l'ost et les rues de Paris sont envahies par les chevaliers et leurs équipages. Au milieu d'un désordre indescriptible, le prince Philippe, âgé de quelque quinze ans, a pris la tête d'une troupe de cavaliers dans un des faubourgs de la capitale. Soudain, un porc échappe à son petit gardien et, pris de panique, se précipite sous les sabots du cheval de l'héritier au trône. La monture se cabre, désarçonne son cavalier, sur lequel elle retombe lourdement. Le corps brisé, le prince est transporté dans la maison la plus proche et, à la tombée de la nuit, rend son dernier soupir. "Combien vifs, combien frappants furent la douleur et le deuil de son père, de sa mère, des grands du royaume, Homère lui-même ne suffirait pas à l'exprimer", affirme l'abbé Suger.

L'accident du prince Philippe, fils aîné du roi Louis VI.

L'accident du prince Philippe,
fils aîné du roi Louis VI.

Le 17 octobre, l'adolescent est inhumé à Saint Denis. Durement éprouvé par la perte de son fils aîné, Louis VI "profère de lugubres plaintes", Cependant, ses conseillers le pressent et le convainquent de pourvoir au plus vite à sa succession et de désigner officiellement son second fils, Louis le Jeune, comme son héritier. Dès le lendemain, le roi se présente à Reims, et demande au pape Innocent II de procéder au sacre du futur Louis VII.

Ce sera chose faite le 25 octobre. Ce jour là, le roi rappellera "avec douleur" la mémoire de son fils disparu en se prosternant devant le souverain pontife, qui, avant de prononcer l'absoute pour le défunt, assurera le malheureux père que son enfant, innocent et simple, a gagné la Jérusalem céleste.




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