Le Cercle Médiéval


Le dorsal au Moyen-Âge

Par Eugène Viollet-le-Duc

DORSAL s. m. Grande pièce de tapisserie ou d'étoffe que l'on accrochait aux murs d'appui, aux panneaux des chaires, des formes, derrière le dos du clergé, sur le fond des dressoirs chargés de vaisselle. Les stalles des chœurs, des salles capitulaires étaient souvent garnies d'étoffes ou de cuirs gaufrés et dorés. La cathédrale d'Augsbourg a conservé, jusqu'à nos jours, ses dossiers en cuir doré, qui datent du commencement du XVIe siècle. Nos églises françaises étaient fort riches en décorations de ce genre dès les premiers temps du moyen âge.

Lorsque Héribert, quarante-neuvième évêque d'Auxerre, après avoir été sacré en 1040, fut porté, suivant la coutume, jusqu'à la cathédrale, sur les épaules de la noblesse, et qu'il eut fait ainsi son entrée dans l'église, « il y fit présent d'une belle et grande pièce de tapisserie ou d'étoffes qu'on appelait du nom de dorsal, parce qu'elle servoit à orner les murs d'appui derrière le dos du clergé. »

Meubles civils garni de son dorsal

Fig. 1
Du manuscrit Le Romuléon. Bib. imp., n° 6984

Les anciennes stalles de l'église abbatiale de Saint-Denis étaient encore, du temps de Dom Doublet, garnies de tapisseries semées de fleurs de lis d'or. A la cathédrale de Paris, des tapisseries étaient également suspendues aux dossiers des chaires du chœur avant 1714. Ce n'était pas seulement le long des meubles fixes, comme les stalles, que l'on plaçait des tentures d'étoffe, c'était aussi contre les dossiers des bancs ou formes disposés autour des appartements dans les palais et maisons. La fig. 1 représente un de ces meubles civils garni de son dorsal, de sa couverture ou keutespointe et de coussins. Ce dorsal est vert avec dessins or. Il est accroché par des anneaux à des boutons fixés au sommet des panneaux du meuble sous le dais saillant, et tombe jusqu'au siège. Ces tentures pouvaient donc être facilement enlevées pour être nettoyées ou remplacées. Il est probable qu'on ne les posait, lorsqu'elles étaient précieuses, que pour les grands jours ; à l'ordinaire, on accrochait des pièces de serge ou d'étoffe commune.




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