Le Cercle Médiéval en police de caractère adaptée

Le christianisme en Chine, du Moyen Âge à l'époque moderne.

Jean-Pierre Duteil
Professeur à l'université de Paris VIII

Les débuts du christianisme en Chine commencent avec la période médiévale mais cette première évangélisation s'interrompt, de manière totale semble-t-il, à la fin du XIVe siècle. Il faut alors attendre la fin du XVIe siècle pour voir pénétrer dans l'Empire du Milieu, en principe fermé, une poignée de religieux. Prêcher en Chine n'est pas chose facile, surtout lorsqu'on a conçu l'ambition de convertir les milieux dirigeants, et l'empereur lui-même. Jean-Pierre Duteil auteur du Mandat du Ciel. Le rôle des jésuites en Chine. (Arguments, 1994) explique comment Matteo Ricci et ses compagnons ont été amenés à adapter la religion catholique, celle du concile de Trente, à une civilisation non-chrétienne, et dans des proportions jusque-là inégalées, non sans faire naître une vive opposition.

De saint Thomas à François Xavier, premiers contacts avec l'Extrême-Orient

stèle de Si ngan fou

La diffusion du christianisme vers l'Asie remonte à la fin de l'Antiquité. La légende, en partie toutefois confirmée par les fouilles archéologiques, attribue à saint Thomas les débuts de l'évangélisation de l'Inde, et l'origine du sanctuaire de Sao Tomé de Meliapur, sur la côte de Coromandel. À l'intérieur de la Chine, une stèle trouvée au XVIIe siècle à Xi'an, l'ancienne capitale Chang'an, révèle l'existence, très tôt, de communautés chrétiennes nestoriennes sur le sol chinois. Ce document unique, la « stèle de Si ngan fou », est daté de 781 ; le texte bilingue, syriaque et chinois, précise que les Écritures saintes auraient été introduites à Chang'an dès 631. De cette implantation précoce, toutefois, ne sont parvenus en Occident que quelques renseignements épars et vite oubliés.

De ces bribes, ne restent pratiquement pas de souvenirs lorsque s'organisent les missions médiévales qui aboutissent à mettre en place un premier réseau d'évêchés en Chine. Il est vrai que l'objectif que l'on visait était le peuple des Mongols, non celui de la Chine ; ces missions, initiées par Rome et par saint Louis, n'en permettent pas moins à l'Europe de prendre contact avec la civilisation chinoise, au moment précis où celle-ci est reconnue également par les marchands vénitiens. Mais encore une fois, les difficultés des derniers siècles du Moyen Âge semblent avoir contribué à faire disparaître tout souvenir de ces missions.

Au XVIe siècle, après l'arrivée des navires de Vasco de Gama à Calicut, les franciscains et les dominicains portugais suivent de près les marins et les soldats qui ont l'impression de découvrir l'Asie : Inde, Moluques, Japon, Chine enfin où les premiers navires portugais abordent entre 1513 et 1520. L'élan missionnaire est encore amplifié en 1540, avec la fondation de la Compagnie de Jésus ; l'un des fondateurs, François-Xavier, part évangéliser la côte ouest du Deccan, puis les Moluques. Il aboutit en fait au Japon avant de mourir face à la Chine où il n'a pu pénétrer, en 1552.

Les missions médiévales en direction du Grand Khan

Image du pape Grégoire IX

L'histoire des missions médiévales vers l'Orient est bien sûr liée aux croisades. Dès 1233, le pape Grégoire IX avait envoyé des franciscains vers les différents princes musulmans : calife de Bagdad, sultans de Konya, Damas ou du Caire ; ils présentaient là un exposé de la foi chrétienne, qu'ils expliquaient, sans grand succès en général. L'échec de ces tentatives par rapport à l'islam semble patent autour de 1245. Toutefois, ces quelques missions vers l'Orient permettent de mesurer les divergences entre Églises latines et arméniennes, par exemple : du côté latin, Simon de Saint-Quentin peut ainsi dresser un catalogue des « erreurs » du camp adverse. Lorsqu'arrivent les hordes mongoles, à partir de 1236, les Géorgiens n'en appellent pas moins le pape à l'aide ; huit dominicains fondent alors un couvent à Tiflis. Grégoire IX, pape de 1227 à 1241, en arrive à estimer possible l'union des Églises, et multiplie dans ce but les envois de lettres et même de religieux vers les Coptes d'Égypte, les Jacobites de l'Inde, ainsi que vers les Chaldéens et Nestoriens égrenés sur la « route de la Soie ».

Ces premières missions médiévales sont vite dépassées par le projet plus vaste d'une grande mission vers les Mongols. Ces derniers sont mentionnés pour la première fois en 1221, peu après la cinquième croisade ; la mobilité des cavaliers des steppes et l'impact psychologique de leurs raids foudroyants semblent imparables. Les Européens ont d'abord eu l'impression de démons sortis de l'enfer, ce qui entraîne la confusion entre leur nom, les Tatars, et celui du « Tartare ». Les Tartares dévastent des parties entières de l'Asie, puis de l'Europe orientale : Perse, Arménie, Géorgie, puis Russie et, en 1241, Hongrie, Pologne et Bohême. Le sultanat de Turquie, l'Irak, la Russie, la Géorgie, s'effondrent : la catastrophe touche autant les musulmans que les chrétiens. Dans son Histoire des Tartares, Simon de Saint-Quentin traduit le texte du khan Güyük qui ordonne la soumission de tous les peuples.

C'est dans ce contexte qu'Innocent IV envoie deux missives « au roi et au peuple des Tartares » en 1245. Il propose un plan de paix, et présente un exposé de la doctrine chrétienne, puis confie tout cela au franciscain Giovanni da Piane Carpino – Jean de Plan Carpin – qui part de Lyon le 16 avril puis s'adjoint à Wroclaw son confrère Benoît de Pologne. Il rencontre les Mongols peu après Kiev, puis les suit jusqu'en Mongolie, où il assiste au couronnement de Güyük. La relation de sa mission, l'Ystoria Mongalorum, donne à l'Europe de précieuses informations sur ces peuples, ainsi que sur leurs techniques de combat. Mais les buts diplomatiques de l'ambassade sont loin d'être atteints : bien au contraire, ce sont les Mongols qui invitent le pape à se soumettre au khan. Toutefois, Plan Carpin signale un élément encourageant : il a constaté la présence de chrétiens autour de Güyük, et même d'une chapelle chrétienne parmi ses tentes. À son retour en 1248 circulera même le bruit que Güyük se serait converti au christianisme… Tout cela incite le roi de France, en l'occurrence Louis IX, à envoyer un dominicain vers le camp mongol : André de Longjumeau part donc avec des fragments de la Vraie Croix et une tente-chapelle ornée de panneaux représentant la vie du Christ. Il n'arrive en Mongolie qu'après la mort de Güyük, en 1250 : sa veuve remet au missionnaire une lettre qui, de nouveau, invite les Occidentaux à la soumission. Toutefois, Longjumeau ajoute des détails sur la situation des chrétiens captifs chez les Mongols, et sur celle des chrétiens d'Orient en terre d'islam. Ces informations amènent Innocent IV à envisager la création d'un épiscopat missionnaire par la bulle Athleta Christi.

Les plus anciens documents sur l'Empire mongol

Saint Louis conserve l'initiative avec l'envoi, en 1252, de deux franciscains chargés de porter l'Évangile aux Mongols : Guillaume de Rubrouck et Barthélemy de Crémone. Le roi a confié à Rubrouck une lettre dans laquelle il demande la liberté de prédication pour les missionnaires, et où il félicite le khan de son baptême. Mal interprétée, cette missive provoque une nouvelle et brutale invite à soumission. Sur place, on interdit aux missionnaires la moindre tentative d'apostolat.

Envoyée à Louis IX par l'intermédiaire du clerc Gosset, la relation de Rubrouck reste irremplaçable pour l'historien. Son texte constitue l'une des références les plus anciennes sur l'empire mongol : elle est d'ailleurs contemporaine des deux textes classiques que sont la chronique chinoise Yuan che (XIVe siècle) et l'Histoire secrète, la grande épopée mongole (1240). Rubrouck est le premier Européen à identifier le « Pays des Sères » de l'Antiquité comme étant le mystérieux Cathay, à décrire l'écriture chinoise, à mentionner la prise du pouls telle que l'effectuent les médecins chinois, ainsi que la doctrine de la réincarnation. Son texte est aussi l'un des premiers à présenter la Caspienne comme une mer fermée, à décrire l'onagre ou à évoquer la parenté qu'offrent entre elles les diverses langues slaves. L'apport est essentiel également sur le plan ethnographique : le Voyage de Rubrouck nous renseigne sur les séances de divination chamanique, sur les idoles de feutre qu'emportaient avec eux les conquérants des steppes, sur les rites de purification par le feu et les divers interdits concernant l'eau, le feu, le seuil des yourtes. Ce moine franciscain, qui voyage avec son compagnon dans le costume de son ordre, livre des renseignements qui sont parmi les plus anciens de ceux que nous possédons sur les rites archaïques de l'Asie, par exemple la lecture de l'avenir sur des omoplates de mouton calcinées, procédé voisin des techniques chinoises de divination à partir d'écailles de tortues ou scapulomancie. Rubrouck annonce aussi les difficultés religieuses des siècles futurs ; les chrétiens nestoriens, qui semblent nombreux et influents, y sont systématiquement dépréciés ainsi que les « tuins », probablement des religieux bouddhistes.

Le franciscain Montecorvino et l'archevêché de Khanbaliq

Après 1250, l'effort missionnaire se ralentit, alors que la menace d'une nouvelle offensive mongole se dessine sur les frontières de la chrétienté. En 1269 les frères Maffeo et Niccolo Polo, deux marchands vénitiens, reviennent d'un séjour dans l'empire mongol par l'Orient latin et font savoir que Qubilaï, successeur de Möngkä, s'est enquis près d'eux de la religion des Francs et demande aux papes cent lettrés. On parle ensuite du baptême de Qubilaï : fausse nouvelle, puisque l'empereur, même si sa mère était chrétienne, se tourne vers le bouddhisme alors qu'il déplace sa capitale de Karakorum à Khanbaliq, le « siège du khan », l'actuelle Pékin. L'empereur, c'est vrai, n'en a pas moins réclamé l'envoi de missionnaires latins. C'est ce qui décide Nicolas IV à lui envoyer le franciscain Jean de Montecorvino en tant que légat apostolique. Le légat est porteur de missives pour Qubilaï et les principaux princes mongols, ainsi que pour les patriarches des Églises d'Orient. En juillet 1289 il prend la route, puis choisit la voie maritime entre le golfe Persique et l'océan Indien, évitant ainsi de rencontrer des bandes de soldats, car la guerre fait rage entre Qubilaï et Qaidu, qui domine le Turkestan.

Avec deux compagnons, Montecorvino séjourne dans l'Inde du Sud où ont lieu quelques baptêmes. Il reprend la mer treize mois plus tard, pour parvenir à la fin de 1293 à Khanbaliq, peu avant la mort de Qubilaï, en février 1294. Le nouveau khan, Temür, continue à entourer le légat de nombreux égards ; mais les rapports se dégradent vite avec le clergé nestorien, qui fait détruire la première église construite par Montecorvino. La seconde tentative s'accompagne de baptêmes et de l'édification annexe d'un couvent franciscain, peuplé de jeunes esclaves que le légat rachète, et à qui il enseigne le plain-chant et le latin. Rome apprend avec surprise, en 1307, que cette jeune Église latine atteint plusieurs milliers d'âmes. La question est désormais de mettre en place un archevêché et une province ecclésiastique. L'archevêché de Khanbaliq est donc érigé : il a sous sa juridiction la totalité de l'empire mongol, y compris la Chine de la dynastie Yuan, et Rome lui donne six suffragants. Il revient à Montecorvino d'attribuer à ces six suffragants un diocèse et une cité épiscopale. Le légat ne voit d'ailleurs que trois prélats parvenir à Khanbaliq en 1313, afin de le consacrer.

Il reste difficile de préciser ce qu'étaient les communautés chrétiennes dépendant de ce premier archevêché de Khanbaliq ; on sait que certains chrétiens de rite grec, comme les Alains déportés en Extrême-Orient par les Mongols, s'étaient soumis à Rome, ainsi que les Arméniens. Et puis, l'archevêque a aussi rencontré en Chine des Latins : marchands génois, soldats enrôlés dans la garde du khan. La vie des communautés est connue par quelques lettres d'évêques : André de Pérouse en 1313, Peregrino de Castello en 1318, ainsi que par la relation de voyage d'Odoric de Pordenone, qui a visité Zaytoun (Canton). Montecorvino avait suffisamment d'audience au palais impérial pour donner sa bénédiction au Grand Khan en personne au cours de l'année 1326.

La mission du Cathay s'articulait autour des résidences franciscaines de Khanbaliq, Zaytoun, Qinsay (Hangzhou) et Linqin, au Shandong. À la mort de Montecorvino, sans doute en 1330, aucun des évêques nommés par le pape Clément V n'était encore vivant. Trois ans plus tard, Jean XXII désigne un nouvel archevêque, qui ne parvient pas à Khanbaliq, et c'est le khan Toghan Temür qui écrit finalement au pape pour obtenir le successeur de Montecorvino. Quatre légats porteurs de cadeaux atteignent la capitale de l'empire mongol en 1342, mais un nouvel archevêque, le franciscain Guillaume du Pré, n'est désigné qu'en 1370. Lorsqu'il réussit à atteindre Khanbaliq, c'est pour constater que les choses ont bien changé : les Chinois se sont révoltés, et ont chassé le Grand Khan depuis 1368. Les néophytes mongols ou alains ont été chassés vers les steppes, tandis que la nouvelle dynastie d'origine chinoise, celle des Ming (1368-1644) apparaît résolument nationale et hostile aux religions étrangères, du moins à ses débuts. Après 1370, la présence d'un évêque à Khanbaliq n'est plus certaine : la mission médiévale vers l'Extrême-Orient disparaît, et les religieux de l'époque moderne n'en conservent même pas le souvenir.

La volonté d'évangélisation se heurte à la fermeture de l'empire des Ming

Il est en effet surprenant de constater, à travers les sources, que les missionnaires souvent érudits de l'époque moderne n'ont gardé aucune trace de l'œuvre accomplie par Plan Carpin, Rubrouck ou Montecorvino. Seul est évoqué, et rarement, le nom de Marco Polo ; c'est donc une véritable « redécouverte » de la Chine qui a lieu à partir des années 1520, menée par les Portugais, qui ont débarqué pour la première fois à Canton avec Jorge Alvares en 1513. L'un des récits les plus anciens sur la Chine et les pays voisins est la Pérégrination de Fernaõ Mendes Pinto, qui a été jésuite pendant un bref laps de temps et dont le texte reste passablement confus.

Systématiquement, au milieu du XVIe siècle, des représentants des principaux ordres mendiants : franciscains, dominicains et augustins, prennent place à bord des caraques et galions en partance pour les Indes orientales ou occidentales, à Lisbonne ou à Séville. Depuis le traité de Tordesillas du 7 juin 1494, chacun des deux pays ibériques a reçu le monopole de l'évangélisation et de la colonisation dans « sa » moitié du monde : Afrique et Asie pour le Portugal, Amérique pour l'Espagne. La Chine dépend donc, si l'on peut dire, des Portugais. Les négociateurs de Tordesillas n'avaient toutefois pas prévu deux difficultés : ayant réussi à faire repousser vers l'ouest la « ligne de démarcation » qui coupe l'Atlantique du nord au sud, les Portugais ont vu tomber le Brésil dans leur domaine. En revanche, les Espagnols, poursuivant l'exploration toujours vers l'ouest à travers le Pacifique, rencontrent les Portugais aux Moluques et finissent par s'installer aux Philippines dans les années 1570-1580.

Ces considérations théoriques doivent être toutefois reléguées au second plan par rapport aux énormes difficultés qui marquent les débuts de l'évangélisation de la Chine. L'empire des Ming n'a que faire du « droit de patronage » ou padroado reconnu par le pape aux autorités portugaises. Son territoire est fermé de manière presque hermétique aux étrangers ; quelques franciscains réussissent à débarquer clandestinement sur les côtes méridionales, mais leur action se réduit à peu de chose, essentiellement pour des raisons linguistiques.

Les premières missions jésuites en Extrême-Orient

Les choses changent après la création de la Compagnie de Jésus, en 1540. La mission est considérée dès le départ, par Ignace de Loyola et ses compagnons, comme l'un des buts essentiels, et François-Xavier part sans plus attendre vers l'Orient. Il sait que la mission passe par l'apprentissage des langues locales : après avoir évangélisé les Paravers de la côte de la Pêcherie, au sud-ouest du Deccan, il part vers Malacca et de là s'embarque vers le Japon, qu'il atteint en 1549, sur un vaisseau portugais. Il y reste deux ans, puis, s'étant rendu compte de la parenté des systèmes graphiques, se persuade que c'est la Chine qui est la mère des diverses civilisations asiatiques : c'est donc elle qu'il faut évangéliser en priorité, et il tente sans succès de pénétrer dans l'empire des Ming. Il s'installe dans l'îlot de Xangchuan, dans l'actuelle rade de Hongkong, face à Canton. Les Portugais sont présents dans ces eaux et s'y installent durablement en 1555 après accord avec le mandarin de Canton, qui les remercie d'avoir débarrassé la baie des pirates, grâce à leur artillerie : c'est là l'origine du comptoir de Macao. En attendant, François-Xavier meurt misérablement, assisté par son domestique chinois, à la fin de 1552. Son corps, réputé incorruptible, sera plus tard transféré à Goa à l'exception du bras droit expédié chez les jésuites, à Rome. Il fera de Goa un important lieu de pèlerinage.

Mais la Chine des Ming reste fermée, et la méfiance est telle que les autorités cantonaises ont fermé par un mur l'étroite langue de terre qui relie au continent la presqu'île de Macao. Dans ce mur s'ouvre une porte unique, gardée par des soldats et scellée par trois bandes de papier sous l'inscription « craignez notre grandeur et respectez notre vertu ». Les Chinois avaient peur, en fait, des aspects stratégiques de Macao, et en particulier des clochers des églises, considérés comme des « tours ». Mais le commerce ne perd pas ses droits, et la porte s'ouvrait de temps à autre, en particulier lors des foires annuelles de Canton. C'est déguisés en marchands que passent quelques missionnaires, à partir de 1579 : le franciscain Pedro de Alfaro, les jésuites Michele Ruggieri et Francesco Pasio, rejoints en 1583 par Matteo Ricci. Tous avaient attendu ce moment des années durant à Macao, en avaient profité pour se familiariser avec le monde chinois, sa langue et sa pensée, et avaient commencé à percevoir la différence entre la langue mandarinale et le dialecte cantonais.

Matteo Ricci : horlogerie et astronomie au XVIIe siècle

Matteo Ricci est le descendant d'une famille aristocratique de Macerata, située sur la côte adriatique des États de l'Église. Il a fait des études de haut niveau, a suivi les cours du Collège romain récemment installé et du mathématicien Clavius. Avec Ruggieri, il décide de se mêler à la population chinoise en utilisant l'habit des religieux bouddhistes, crâne et visage rasés, robe jaune safran et bol à aumônes. Les Pères sont donc pris pour des bonzes occidentaux, confusion gênante et médiocrement flatteuse : Ricci se rend compte que les religieux bouddhistes ont beaucoup moins de prestige en Chine qu'au Japon ou au Siam par exemple, où quelques religieux ont déjà pris pied. Beaucoup plus honorable est l'habit de lettré : c'est ce costume qu'adoptent les Pères jésuites, barbe et cheveux longs, ongles longs également ; port de la robe de soie et usage du palanquin. Les jésuites du XVIIe siècle percevaient ce moyen de transport comme la litière des Romains ; en fait, le nombre des porteurs correspond à la dignité plus ou moins grande du personnage qui s'y trouve, et est rigoureusement codifié lorsqu'il s'agit d'un fonctionnaire. Dès le début de la mission, les franciscains et les dominicains réprouvent ce qu'ils considèrent comme un déguisement, supposant d'ailleurs l'idéologie confucianiste.

Ricci a décidé d'agir dans le respect de la légalité chinoise, alors que les franciscains, par exemple, continuent à entrer clandestinement en Chine. Après accord avec les mandarins locaux, chez qui il se présente suivant les formes de la politesse chinoise comme un « lettré d'Occident », il obtient de fonder des résidences à l'intérieur de l'empire des Ming. Aidé de quelques confrères et de domestiques chinois, il achète des maisons, construit des églises, y prêche et commence à administrer quelques baptêmes.

Il présente la religion catholique post-tridentine en mettant à son service les ressources de la technologie occidentale : lunettes d'approche, prismes, livres imprimés, mappemondes et cartes géographiques, peintures à l'huile utilisant la perspective « florentine », et surtout les horloges, en particulier les « horloges de table » assez petites pour être posées sur des consoles. Tous ces objets constituent autant d'appâts destinés à susciter la curiosité du public, en particulier du public cultivé : pour Matteo Ricci, il serait d'autant plus facile, ensuite, d'attirer au christianisme les esprits déjà séduits par l'ingéniosité occidentale. Les horloges, en particulier, sont régulièrement utilisées comme cadeaux, ces présents que la politesse exige que l'on fasse lorsqu'on rend visite. Les fonctionnaires locaux sont effectivement enchantés de recevoir ces mécanismes qui les intriguent beaucoup, en particulier leur carillon : ils les avaient appelés les « cloches qui sonnent d'elles-mêmes ».

L'ensemble du projet de Matteo Ricci présente un caractère grandiose. Il l'a expliqué lui-même dans la relation de sa mission, en italien, puis traduite en français par son confrère Nicolas Trigault sous le titre Histoire de l'expédition chrétienne au royaume de la Chine. Son but était d'atteindre Pékin, la capitale depuis le début des Ming, plus précisément depuis les années 1450 ; là, il voulait gagner au christianisme l'entourage de l'empereur et surtout le souverain lui-même, ce qui entraînerait la conversion massive du peuple chinois, suivant ce qui s'était passé dans l'Empire romain sous Constantin. Mais le missionnaire italien commettait là, sans en avoir conscience, une grave erreur d'appréciation. La religion, en Chine, reste affaire de choix individuel ou familial, et le principe cujus regio, ejus religio, alors appliqué dans toute l'Europe, n'existe pas : même si l'empereur Wanli s'était converti, cela n'aurait nullement entraîné une conversion générale. Par ailleurs le christianisme avait le grave défaut d'être une religion d'origine étrangère, ce qui lui valut bien des avanies, que le bouddhisme avait connues avant lui.

Il n'en reste pas moins que Ricci a tenté de mener son projet à bien, construisant avec ténacité des églises et des résidences à Zhaoqing près de Canton, puis à Nanchang et à Nankin, avant de s'installer à Pékin qu'il atteint en 1595. L'empereur régnant est alors Wanli des Ming (1572-1619). Obèse, sans doute timide, le souverain ne quitte pas son palais, dans lequel il se trouve ligoté par l'étiquette ; il n'aura jamais d'entrevue personnelle avec le missionnaire italien, qui de son côté s'explique avec les eunuques, entourage jaloux et étouffant des derniers Ming. Ce sont eux qui se trouvent chargés d'entretenir les horloges remises à titre de cadeau, en particulier une pendule de grande taille que Wanli, faute de savoir où la mettre, laisse dans le jardin, et où elle se détraque à cause de l'humidité. Ricci tente d'expliquer le fonctionnement du mécanisme : il passe des heures à expliquer le rôle de chaque rouage, les manières de réparer, à fabriquer des doubles des différentes pièces. Il finit par venir remonter et nettoyer l'horloge lui-même aussi souvent qu'il en est besoin, alors qu'en principe rien n'est plus réglementé que les allées et venues dans l'enceinte du palais impérial.

D'autres nouveautés étonnent les interlocuteurs de Ricci : Les livres imprimés en caractères romains, la peinture à l'huile, les cartes géographiques, qui ne font plus scandale depuis que l'Empire du Milieu y occupe la place centrale, d'ordinaire tenue par la Méditerranée sur les mappemondes européennes ; en même temps, tout cela constitue un moyen de propagande religieuse pour la mission. Les tableaux représentent la Vierge, les Saints, diverses scènes de la Passion ; les livres sont les Écritures, ou des ouvrages de piété, qui seront traduits en chinois. Ricci jouait également de l'épinette, lointain ancêtre du piano, composait des airs et présentait à ses auditeurs chinois la gamme musicale de l'Occident. Ce type d'apostolat a suscité l'admiration de certains lettrés, qui acceptent le baptême et se révèlent ensuite les meilleurs auxiliaires de la Mission : le cas le plus connu est celui du kolao Xu Guangqi, baptisé Paul, et qui aide Ricci dans ses travaux de traduction.

De l'hostilité populaire à la « querelle des rites »

Mais Ricci provoque également des réflexes d'hostilité. La sourde méfiance populaire se cristallise contre la nouveauté, surtout lorsqu'elle est étrangère. On accuse Ricci, et les jésuites en général, de tenir des réunions secrètes – donc d'être des conjurés. Ils font scandale en réunissant hommes et femmes dans un même lieu ; on parle aussi d'anthropophagie rituelle, et de disparition d'enfants, capturés afin de prélever leurs yeux pour en faire des lunettes d'approche. Victime d'« émotions » populaires à plusieurs reprises, et en particulier à Nanchang, Ricci a fait en sorte d'accomplir la messe, de distribuer les sacrements et d'entendre les confessions au vu et au su du public. Il construit même les églises « en double », de manière à ce que soient célébrées en même temps les messes pour les femmes et pour les hommes. Lorsqu'il s'éteint, à Pékin en 1610, Ricci lègue à ses confrères tout un héritage d'adaptation aux coutumes et à la sensibilité de la Chine. Ayant compris les problèmes qui se posaient au christianisme, il a apporté un ensemble de réponses lui permettant de continuer à se développer.

Ses conceptions ne font cependant pas l'unanimité. Le costume de lettré, le port de la soie, l'usage du palanquin, tout cela choque l'esprit d'humilité des franciscains. Les dominicains, et aussi certains jésuites, comme le P. Longobardo, s'interrogent sur l'orthodoxie des églises séparées ou sur le respect que conservent les baptisés vis-à-vis des tablettes funéraires, que ce soit celles de leurs ancêtres, des membres de la dynastie régnante ou de Confucius. Pour la plupart, les Prêcheurs et les Mineurs utilisent des méthodes d'évangélisation plus traditionnelles, sans doute plus proches de l'esprit du Concile de Trente, et aussi plus dangereuses. C'est à partir d'un problème de messe commune aux deux sexes que se déchaîne à partir de 1616 la « persécution de Nankin », qui nous est bien connue grâce au récit qu'en a fait le Père Alvarez Semedo. Avec son compagnon Afonso Vagnone, jésuite lui aussi, ils se trouvent jetés dans une cage et transportés de Nankin à Canton comme des animaux sauvages, avant d'être expulsés vers l'enclave portugaise de Macao. Il ne s'agit pas seulement là de fureur populaire : la persécution est encouragée, puis relayée, par le mandarin de Nankin et ses agents, opposés par principe à l'esprit de corruption qu'apportent les étrangers.

Les persécutions antichrétiennes se calment toutefois très vite, faisant place à de longues périodes de calme. C'est lors des décennies 1620-1640 que certains missionnaires de la Compagnie de Jésus réussissent à se rendre indispensables près du gouvernement chinois. À partir du P. Xavier Koffler, les mathématiciens jésuites prennent une place grandissante au sein de l'Office astronomique, contrôlé par le Tribunal des Rites ou Li pu, et dont dépend l'observatoire de Pékin, avec ses magnifiques instruments de bronze datant des premiers Ming. Ricci lui-même avait fait de solides études de mathématiques, ayant suivi à Rome les cours de l'astronome Clavius, et il avait traduit en chinois les Éléments d'Euclide ; constatant que l'astronomie chinoise est aux mains de musulmans, les jésuites Xavier Koffler (1612-1652), Adam Schall (1592-1666) et Ferdinand Verbiest (1623-1688) réussissent à les évincer et essaient de rapprocher le calendrier chinois officiel du calendrier grégorien, mis en place à Rome et dans les pays restés catholiques en 1582-1583. Parvenus à la position clé de directeurs de l'observatoire, les jésuites mettent en avant la protection que constitue leur présence pour les missions catholiques édifiées peu à peu sous les derniers Ming, dans un contexte difficile car la Chine subit l'assaut du peuple mandchou au cours des années 1630-1640. Après la prise de Pékin en 1644, les Ming sont chassés de la scène politique au profit de la « dynastie mandchoue », celle des Qing (1644-1911).

Le grand et long règne de Kangxi (1662-1722), que l'on peut assez facilement mettre en parallèle à celui de Louis XIV, est particulièrement favorable aux jésuites, et par contrecoup aux communautés chrétiennes. Le souverain est curieux d'esprit et intrigué par la technologie européenne ; il utilise les jésuites, qui résident près du palais impérial, comme informateurs et vulgarisateurs des inventions de l'Europe, et va jusqu'à entretenir l'ambiguïté sur son éventuelle conversion. La position des jésuites fait naître des critiques, de même que leurs postes officiels à l'Office astronomique. C'est que l'astronomie chinoise est bien alors une astrologie « judiciaire », par laquelle on cherchait à connaître l'avenir dans le but de dresser l'horoscope impérial. Les jésuites se défendent contre cette accusation en répliquant qu'ils se contentent de collecter des données, qu'ils laissent leurs collègues chinois libres d'utiliser. Mais les missionnaires franciscains ou dominicains jugent cette fonction officielle incompatible avec l'état religieux. Ces griefs s'ajoutent à ceux qui concernent la tolérance à l'égard des croyances ancestrales, et constituent le fond de la fameuse « querelle des rites » qui a influé considérablement sur les destinées du christianisme en Chine, alors que les missions se développent assez vite dans la plupart des régions.

La vie des communautés chrétiennes dans la Chine moderne

Les premières communautés ayant quelque consistance se sont développées dans les premières années du XVIIe siècle. Après ceux de la Macao portugaise, quelques Chinois sont baptisés par Ruggieri et Ricci à Zhaoqing en 1584. On compte une quarantaine de chrétiens dans cette ville en 1589, une centaine pour toute la Chine à la fin du siècle. À la mort de Ricci, en 1610, les chrétiens sont vraisemblablement au nombre de deux mille cinq cent pour l'empire des Ming.

Bien sûr, ces chiffres sont dérisoires par rapport à l'ensemble de la population chinoise, qui nous est connue par les « registres jaunes », recensements officiels effectués par l'administration : en tenant compte des lacunes et des incertitudes, on peut, avec Jacques Gernet, auteur du Monde chinois, tenir pour vraisemblable le chiffre de cent trente millions d'habitants en Chine à la fin des Ming. Toutefois le nombre des chrétiens est déjà trop important pour les seuls jésuites venus d'Europe, et même pour les missionnaires européens en général, qui n'ont jamais été beaucoup plus d'une centaine à travailler en même temps en Chine. En 1605, une lettre de Ricci parle de dix-sept jésuites pour mille chrétiens, dont une centaine à Pékin. Il ne tient pas compte des franciscains, dominicains et augustins, moins nombreux que les jésuites, mais ayant aussi « leurs » chrétientés. Il faut remarquer que les premières années du XVIIe siècle voient entrer dans la Compagnie de jeunes Chinois de Macao : ils portent des prénoms et même des patronymes portugais, ayant pris celui de leur parrain. Mais leur arrivée ne se fait pas sans discussions, une partie des jésuites n'étant pas d'accord pour admettre les Chinois au sacerdoce. Ricci et ses successeurs poussent à l'ordination des Chinois, mais les cas de prêtres ou jésuites chinois restent finalement peu nombreux pour l'ensemble de l'époque moderne : en 1773, après la suppression de la Compagnie de Jésus, les religieux chinois ne forment qu'une minorité, et sont restés pour la plupart frères coadjuteurs.

En revanche, tous les catéchistes sont chinois, et c'est sur eux que repose le développement des communautés. Lorsqu'ils sont capturés par les autorités, ils risquent beaucoup plus que les missionnaires ; en 1606, Sébastien Fernandes – Sébastien Zhongming – est pris pour un espion portugais et meurt sous les coups, devenant le premier martyr catholique en Chine. Sans être considérés comme les égaux des missionnaires, les catéchistes chinois n'en accomplissent pas moins certaines fonctions liturgiques, la catéchèse, jouent souvent le rôle de maître d'école et surveillent les bâtiments religieux. Ils restent dans la communauté chrétienne après le départ du religieux européen, organisant véritablement la mission qu'il a mise en place. À la différence de la plupart des Européens, jésuites, franciscains ou dominicains, les catéchistes communiquent sans aucune difficulté avec la population, et font souvent office d'interprètes, sont au courant des nouvelles et de la sensibilité des mandarins locaux.

Lorsqu'un missionnaire arrive dans un village, il est généralement précédé par deux catéchistes qui préviennent les chrétiens de l'endroit. La communauté se rassemble, on nettoie l'église et on la tient prête pour une célébration tandis que les catéchistes tirent de leurs bagages des livres de piété imprimés en chinois, des agnus dei, des images pieuses. À l'arrivée du missionnaire, le chef du village se présente à lui lorsqu'il est chrétien et il peut alors lui remettre une liste des renégats. Le missionnaire passe ensuite une partie de la nuit à entendre les confessions, suivies de pénitences publiques ; il inspecte les chrétiens chargés de visiter les malades et assister les mourants. Ces chrétiens sont autorisés à baptiser en cas de nécessité. Il arrive parfois que le missionnaire entre dans le rôle normalement dévolu au mandarin, car les chrétiens lui demandent d'arbitrer leurs différends, ce qui leur évite la démarche toujours redoutée près du yamen mandarinal. Enfin la vie matérielle de la mission est assurée par les aumônes que fournissent les chrétiens, riz et victuailles le plus souvent.

La géographie de l'évangélisation au XVIIe et XVIIIe siècles

Les missions catholiques se mettent en place au long des voies de communication, routes, rivières et canaux. Elles suivent d'abord l'itinéraire de Ricci, de Canton à Nankin par Nanchang puis de Nankin à Pékin en longeant le Grand Canal. Les principaux centres urbains possèdent une église et une résidence jésuite : c'est le cas à Canton, Nanan, Nanchang, Nankin, Huzhou, Yangzhou. Shanghai, au débouché du Yangzi, n'est au XVIIe siècle qu'une modeste bourgade ; mais elle a été le centre de l'évangélisation de toute la région de Songjiang en raison de l'activité de la famille Xu, celle du lettré converti Paul Xu Guangqi. Dans les bouches du fleuve, l'île de Xongming est elle aussi massivement chrétienne.

Le littoral sud et sud-ouest a été, lui aussi, touché par l'évangélisation, y compris l'île de Hainan et la péninsule de Leizhou. Au milieu du XVIIe siècle, il y a déjà un semis de communautés chrétiennes autour de Canton et dans le delta du Xijiang, dans l'ensemble de la province du Fujian, puis sur les côtes du Zhejiang. Il faut noter par contre l'absence à peu près complète de missions sur le littoral nord de la Chine, c'est-à-dire les côtes du Jiangnan et du Shandong, peut-être à cause de la forte empreinte du confucianisme dans ces régions.

La Chine intérieure n'est pas dépourvue de foyers missionnaires. Au nord-ouest, la région de Xi'an, l'ancienne Chang'an, a été évangélisée dès les débuts de la mission de Chine. En 1625, le P. Nicolas Trigault contribue à la découverte d'une stèle d'origine nestorienne en syriaque et en chinois qui atteste l'implantation précoce du christianisme dans ces régions. La région du Shanxi fournit en outre le vin de messe – la viticulture y serait connue depuis l'époque hellénistique –, et a vu se développer nombre de communautés.

Il reste, bien sûr, des vides sur cette carte des chrétientés de Chine aux XVIIe et XVIIIe siècles ; les missionnaires, ordres mendiants, jésuites ou prêtres des Missions Étrangères à partir de la fin du XVIIe siècle ont peu touché les régions occidentales : Gansu, Yunnan ; le Sichuan est parcouru au XVIIIe siècle par les prêtres des Missions étrangères de Paris. Dans la zone médiane de la Chine, le Henan et le Shandong, berceau du confucianisme, ont peu accueilli la « religion du Seigneur du Ciel », le catholicisme. En revanche, les missionnaires ne sont pas entièrement absents des « marches » de la Chine, Taiwan, qui ne devient officiellement chinoise que sous Kangxi, le Tibet, la Mandchourie. Enfin, des tentatives ont lieu à plusieurs reprises en direction de la Corée, mais elles ne commencent à aboutir qu'aux alentours de 1800.

Dans nombre de ces régions, le souvenir de certains missionnaires s'est conservé jusqu'à une date récente. Ainsi, le plus connu des évangélisateurs du Shanxi est sans doute Étienne Faber (1597-1657). Arrivé en 1630 à Macao, il découvre la Chine intérieure et les deux régions voisines du fleuve Jaune, le Shanxi et le Shaanxi, entre 1632 et 1635. Même s'il réside parfois à Xi'an, la plus grande partie de sa vie se déroule dans les villages des deux provinces, qu'il parcourt inlassablement avec étole et surplis, distribuant les aspersions d'eau bénite pour éviter aux paysans la calamité que représente le passage des nuages de sauterelles. Dans ses Nouveaux Mémoires de 1696, le P. Lecomte explique comment le Père Faber avait été transporté dans les airs, avait prédit la date de sa mort et voyait les tigres disparaître à son arrivée… Tous ces faits caractéristiques du merveilleux chinois passent ainsi dans le surnaturel chrétien, montrant par là même l'intégration du catholicisme à la Chine.




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