Le Cercle Médiéval


Le tymbre

Par Eugène Viollet-le-Duc

TYMBRE, s. m. (cembel, cembre). Il s'agit d'un tournoi :

« Là ouissiés souvent tabours,
« Tymbres et cors et trompeours ;
« Hiraus gairons crient et braient "(1). »
Plus loin l'auteur décrit une fête ; on danse, on banqueté :
« Maint jongleour pour leur mestier
« Faire y vindrent de toutes pars,
« Et on ne lor fu mie eschars
« De donner robes et garnemens.
« Si ol de divers instrumens,
« De cors, de tymbres, de tabours.
« De divers gieus de singes, d'ours (2). »

Ces tymbres, ou cembels, qui faisaient partie des instruments de guerre et de fête, n'étaient autres que nos cymbales, mais d'une dimension plus petite et avec des bords moins larges. Des danseuses s'accompagnent souvent de cet instrument dans les représentations peintes ou sculptées des XIe et XIIe siècles (fig. 1). Un manuscrit de la Bibliothèque impériale (3) montre une de ces femmes tenant une paire de cymbales enchaînées : ce sont deux capsules assez profondes, sans rebords, ressemblant assez aux campanelles des troupeaux. Plus tard ces capsules de métal sont moins profondes et munies d'un petit rebord qui permet de frapper deux surfaces planes, ainsi que le montre notre figure(4). Deux manches sont attachés à la sommité convexe de chaque demi-sphère.

Danseuse jouant du tymbre ou cembel

Fig. 1

Au XVe siècle, on voit des cembels presque plans, très-petits, munis de manches assez longs, et qui ne pouvaient guère servir qu'à appuyer la mesure (fig. 2).

Cembels presque plans et instruments de métal à percussion, le bumbulum

Fig. 2 et 3

Il faut aussi ranger parmi ces instruments de métal à percussion le bumbulum des premiers siècles du moyen âge 177, qui n'était qu'un châssis composé de tubes de bronze garnis de clochettes, et qui produisait des sons réunissant l'effet du tam-tam et du pavillon chinois. Le manuscrit de Saint-Biaise donne le nom de cymbalum à un instrument que reproduit notre figure 3. Il se composait d'un anneau auquel neuf verges de métal flexibles étaient soudées ou rivées. Ces tigelles enfilaient, chacune, deux petits tymbres libres, de sorte qu'en agitant l'anneau, on faisait résonner ce carillon, produisant un son mat. puisque les tymbres n'étaient point suspendus. On se servait d'instruments analogues en forme de roue, dans les églises, pour annoncer les offices.

  1. Li Roumain dou chastelain de Coud, vers 1237 (XIIIe siècle).
  2. Ibid., vers 3896 et suiv.
  3. Antiphonaire provenant de Saint-Martial de Limoges (XIe siècle), Biblioth. imper.
  4. Vêtement copié sur l'Hérodiade d'un chapiteau du musée de Toulouse (XIIe siècle).
  5. Fragment des sculptures du xv siècle, provenant du tour du chœur de l'église abbatiale d'Eu.
  6. Voyez l'abbé Gerbert, De cantu et musica, lib. III, cap. III, le bumbulum d'après le manuscr. de Saint-Biaise.



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