Accueil --> Légendes des quatre Ardennes --> Anecdotes des gens de Montjoie.


Le Cercle Médiéval en police de caractère adaptée


Les légendes des quatre Ardennes - Frédéric Kiesel

Anecdotes des gens de Montjoie

Les étrangers qui passent par Montjoie sont surpris par la beauté et la richesse de cette petit ville, avec ses colombages, ses enseignes et ses portes baroques. Cette splendeur riante contraste avec la rudesse du paysage environnant. Pourtant, les histoires que les générations se sont transmises sur les habitants du lieu les montrent témoignant d'une extrême rusticité. Mais ils n'en ont pas moins l'esprit de répartie.

Pour ce qui est de l'origine de cette ville étonnante, la légende se rapproche de celles qui, en Ardenne belge toute proche, nous racontent les voyages de Jésus et de saint Pierre dans nos terroirs.
Ici, on évoque le passage du Seigneur et de ses apôtres. Voyant que, depuis Ovifat, la fagne, les bois et les landes battues des vents étaient complètement déserts, Jésus ne s'en étonna pas :
— Comment voulez-vous que des hommes viennent vivre dans un pays aussi sauvage? dit-il.
Certes, dit saint Pierre. Mais si vous le voulez, vous pouvez créer ici un homme fait de la terre même de ce pays dur. Il saura lui résister.

Le Seigneur prit une motte d'argile et de débris de schiste, et souffla dessus. C'est ainsi que naquit le premier habitant de Montjoie.
— Remercie le Fils de Dieu qui t'a donné la vie, dit saint Pierre à ce nouvel humain, encore tout étonné d'exister.
Il répondit immédiatement par une grossièreté telle que les bons auteurs refusent de l'écrire. L'Arlonais que je suis suppose que cela devait être quelque chose dans le genre de « lek mir am Aasch ». Pour ce qui est de la traduction, allez la demander à de vieux patoisants. Ils vous renseigneront volontiers. Toujours est-il que la première parole prononcée par un citoyen de Montjoie ne fut pas un propos de salon.

S'il faut en croire les plaisanteries populaires de l'Eifel, les gens de Montjoie ne sont pas devenus tellement plus raffinés avec les siècles. On nous les montre bien naïfs, en face des citoyens d'Aix-la-Chapelle.

Par un temps menaçant, un homme de Montjoie se rendait dans la ville de Charlemagne pour y faire des achats. Il avait attaché sur son dos, par une courroie, son grand parapluie à long manche. Arrivé à la porte de la ville, qui était encore ceinte de remparts, il ne parvint pas à entrer ; le manche de son parapluie était trop long. Il heurtait la voûte.

Après avoir essayé de passer en se tenant en oblique à gauche, puis à droite, notre homme rentra chez lui — trente-huit kilomètres — y raccourcit en quelques coups de scie le manche de son parapluie et se remit aussitôt en marche vers Aix.
— Encore trente-huit kilomètres. Cette fois, il put passer sans encombre sous la porte.
L'homme de Montjoie acheta notamment des anguilles chez une marchande de poissons qui lui copia la meilleure recette pour les préparer. Bien content, il mit la recette dans son portefeuille.

Sur le chemin du retour, notre homme, fatigué, fit un somme en lisière d'un bois, du côté de Friesenrath. Il fut éveillé par un bruit, tout près de lui. Un chien, qui fouillait sans vergogne dans sa besace, venait d'en extraire les anguilles, et il se sauvait à belle allure.

Le volé se consola vite :
— Ce chien n'a pas la recette pour préparer les anguilles. Il sera bien attrapé quand il verra qu'il ne sait qu'en faire!...
Répandue dans tout l'Eifel, la réputation des gens de Montjoie faisait d'eux des objets de curiosité. Ils n'en étaient pas ravis, on s'en doute. C'était le cas du jeune Pitter qui avait quitté sa villette natale pour devenir garçon dans une auberge à Dùren, le long de la route d'Aix-la-Chapelle à Cologne.
Un client, apprenant d'où était le garçon, trouva spirituel de l'interpeller :
— On raconte que, chez vous, les nouveaux-nés n'ouvrent les yeux que neuf jours après leur naissance, comme les chats?
C'est vrai, répondit Pitter. Mais à partir de ce moment, ils ont une vue tellement perçante qu'ils savent voir un âne comme toi à travers une porte en chêne.

Depuis lors personne ne taquina le Pitter en plaisantant ses concitoyens.

Petite ville de Montjoie (Monschau)

Petite ville de Montjoie (Monschau) à visiter absolument



Accueil --> Légendes des quatre Ardennes --> Anecdotes des gens de Montjoie.

CSS Valide ! [Valid RSS]

Site optimisé pour Firefox, résolution minimum 1024 x 768 px

Flux RSS : pour être au courant des derniers articles édités flux rss