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Le Cercle Médiéval en police de caractère adaptée

Les légendes d'Ourthe-Amblève

Les quatre fils Aymon

Chapitre X

COMMENT ROLAND, NEVEU DE CHARLEMAGNE, ARRIVA A PARIS, AVEC TRENTE ECUYERS BIEN ARMES, ET DU BON ACCUEIL QUE LEUR FIT L'EMPEREUR.

Quand Charlemagne l'entendit, il rougit de colère, et dit :
— Nous verrons comment le roi Yon et Regnaut défendront la Gascogne.

Alors, il se mit en chemin et passa la Garonne ; il s'en revint à Paris. Le lendemain le roi appela tous ses barons et quand ils furent arrivés, le roi tint son conseil et leur dit :
— Seigneurs, je vous ai demandés pour vous faire savoir la honte que m'a faite le roi de Gascogne, car il garde les quatre fils Aymon en dépit de moi. Vous savez quel tort ils m'ont fait d'avoir tué mon neveu Berthelot. Je les ai chassés de mon royaume. Ils ont fait faire le château de Montfort d'où je les ai chassés, maintenant ils sont en Gascogne avec le roi qui a dit qu'il les défendrait contre moi. Il a fait même épouser sa sœur à Regnaut.

Pas un d'eux ne répondit car ils étaient fâchés d'aller contre Regnaut et ses frères. Charlemagne voyant qu'ils ne répondaient rien, appela le duc Naimes, Oger le Danois et le comte Guidelon et leur dit :
— Seigneurs, quel conseil me donnez-vous ?
— Sire, dit le duc Naimes, si vous voulez m'en croire, vous retarderez jusqu'au printemps ; vos gens sont encore fatigués de la dernière guerre. Quand ils seront un peu reposés, vous recommencerez, et nous marcherons de bon cœur.

Le roi fut irrité de ce conseil et comme il se disposait à y répondre, il arriva un beau jeune homme à la tête de trente chevaliers ; il fit une profonde révérence.
— Mon ami, lui dit le roi, soyez le bienvenu. Pourrais-je savoir qui vous êtes ?
— Sire, je suis le fils de votre sœur et du duc Milon, et je m'appelle Roland.

Le roi en fut bien satisfait, l'embrassa plusieurs fois et lui dit :
— Demain je vous ferai chevalier, et vous pourrez combattre contre Regnaut, fils d'Aymon.
— Sire, dit Roland, je marcherai sous vos ordres. Je vous promets de ne point épargner Regnaut ; il a tué mon cousin Berthelot et je vengerai sa mort.

Le lendemain matin, Charlemagne fit chevalier son neveu. Pendant ce temps, il arriva un messager qui dit à Charlemagne :
— Sire, vos gens de Cologne vous saluent, et vous font savoir que les Sarrasins ont brûlé et détruit le pays. Ils vous supplient de venir les secourir.

Le roi resta un moment à réfléchir. Roland voyant son oncle embarrassé, lui dit :
— Sire, à quoi pensez-vous ? Mettez-moi à la tête de vos gens ; j'irai faire lever le siège que les Sarrasins ont mis devant Cologne.

Le roi mit Roland à la tête de ses troupes qui se mirent en marche. Ils défirent les Sarrasins en peu de temps, après un combat cruel. Roland ayant fait prisonnier Escoursant, le seigneur des Sarrasins, ceux-ci prirent la fuite, mais les Français les poursuivirent. Cependant, à la demande d'Es-coursant, Roland arrêta ses troupes et le seigneur des Sarrasins sollicita la grâce de Charlemagne avec promesse de vassalité. Mais Charlemagne le considérait comme un traître et le mit en prison.

Pour que son neveu ait le meilleur des chevaux, Charlemagne, sur les conseils du duc de Naimes, organisa une course avec prix, avec l'intention d'acheter pour son neveu le cheval vainqueur. Par un valet se rendant en Gascogne, Regnaut apprit la chose et eut l'idée de se présenter à la course avec Bayard pour jouer un tour à Charlemagne. Il se mit en route avec ses frères, Maugis et quelques chevaliers. Avant d'entrer dans Paris, Maudis qui était magicien prit une certaine herbe, la pila avec de l'eau puis en frotta Bayard qui devint tout blanc, et Regnaut prit l'aspect aussi jeune qu'à quinze ans. Et Maugis se dirigea avec Regnaut vers Paris.

Charlemagne se doutant que Regnaut pourrait se présenter, mit une garde sur le chemin d'Orléans, mais, métamorphosés, Maugis, Regnaut et Bavard passèrent sans être reconnus. Cependant, arrivé à Paris, Regnaut fut reconnu par un homme, mais Bayard. d'un coup de pied au cœur, l'étendit raide mort. Ne trouvant place dans aucune auberge, Maugis et Regnaut logèrent chez un cordonnier. Maugis, par mégarde, laissa échapper le nom de Regnaut. Alors le cordonnier voulut aller le dénoncer à Charlemagne, mais Regnaut le poursuivit et le tua d'un coup d'épée. Alors Maugis et Regnaut s'enfuirent et se mêlèrent à la foule. Grâce à un ruban de toile cirée que Maugis avait mis à un de ses pieds, Bayard boitait.

Ils passèrent la nuit à la porte Saint-Martin, puis, ayant entendu la messe avec les autres barons, ils se rendirent dans la prairie de Seine. Au bout de la lice, on plaça les prix : sa couronne, cinq marcs d'argent et des draps de soie. Les participants à la course furent alignés à la ligne de départ et la course commença. Pendant que Maugis délaçait le cordon de soie du pied de Bayard, les autres chevaux prirent une belle avance, mais excité par son maître, Bayard courut avec tant de vivacité que la terre semblait fondre sous ses pieds. Il rattrapa tous les autres et les dépassa. Arrivé au bout de la lice, Regnaut prit la couronne et la mit sous son bras, mais laissa les marcs et les draps. Charlemagne offrit d'acheter le cheval à gros prix, mais Regnaut se fit connaître et ridiculisa le roi en disant qu'il ne reverrait jamais sa couronne. Pendant que Charlemagne restait un moment interloqué, Regnaut s'enfuit et traversa la Seine à la nage. Les chevaliers de Charlemagne ne purent le rattraper. Maugis de son côté sortit aussi de Paris. Quand Regnaut et Maugis arrivèrent dans l'embuscade où se trouvaient les frères de Regnaut et leurs gens, ils s'empressèrent de quitter le pays. Ils se rendirent à Montauban où ils furent bien reçus par leurs gens qui rirent bien du tour joué à Charlemagne.




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