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Les légendes d'Ourthe-Amblève

Les quatre fils Aymon

Chapitre XIV

COMMENT APRES QUE GAUDARD, SECRETAIRE DU ROI YON, EUT DECLARE LA TRAHISON A MAUGIS FAITE PAR LE ROI YON, CAR IL AVAIT LU LES LETTRES DE CHARLEMAGNE, ET ECRIT LA REPONSE QUE LE ROI YON AVAIT FAITE, COMMENT IL MENA TANT DE SECOURS A REGNAUT ET SES FRERES QU'IL LES RETIRA DU DANGER.

Quand Gaudard, secrétaire du roi Yon, vit que Regnaut et ses frères allaient à leur mort, il en eut pitié et en était fâché pour deux causes : la première parce que son maître avait fait une trahison ; l'autre, par rapport à la perte de ces vaillants chevaliers. Maugis vint et trouva Gaudard qui pleurait, et dit à Maugis :
— Votre affaire va mal, car si Dieu ne secourt Regnaut et ses frères, vous pourriez les perdre, car le roi Yon les a trahis.

Quand Maugis entendit ces paroles, il dit :
— Je pense que Regnaut et ses frères sont morts.
— Vous avez raison, dit Gaudard, car la lettre dit qu'Oger et Foulques se sont embusqués dans la ville de Vaucouleurs avec dix mille chevaliers. Regnaut et ses frères y sont allés tous désarmés par le conseil du roi Yon, aussi ils ne pourront empêcher d'être pris.

Quand Maugis l'entendit, il voulut le tuer. Gaudard l'en empêcha en disant :
— Ne faites pas une action si indigne, pensez à votre âme. Montez à cheval et allez avec tous vos gens dans la vallée de Vaucouleurs et vous tâcherez de les secourir.

Maugis s'écria :
— Ah ! Regnaut, noble chevalier, quel dommage de vous perdre !
Alors, sans rien dire au roi Yon, ni à la femme de Regnaut, il fit avertir que tous ceux qui pourraient porter les armes, se préparent pour le suivre. Il monta sur Bayard et avait très bonne mine, car c'était un des plus vaillants chevaliers de son temps. Ils sortirent de Montauban au nombre de cinq mille et deux mille sept cents archers, tous déterminés à bien combattre.

Regnaut se défendait sur le rocher. Il vit venir son cousin Maugis monté sur Bayard qui courait comme un cerf. Il tressaillit de joie et dit à ses frères :
— Ne craignons rien, voici notre cousin Maugis qui vient nous secourir.
— Frère, dit Allard, est-il vrai qu'on vient nous secourir ?
— Oui, lui répondit Regnaut.
— Je ne me plains plus, dit Allard.

Richard, qui était à terre, entendant le bruit des chevaux, fit tous ses efforts pour se mettre sur son séant. Il dit à Regnaut :
— Il me semble que j'ai entendu nommer Maugis qui nous amène toute l'armée de Montauban. Montrez-le-moi, dit Richard.

Regnaut le prit et le leva ; alors il dit qu'il se sentait un peu mieux. Regnaut dit ensuite :
— Que ferons-nous ? Si les Français aperçoivent l'arrivée de Maugis, ils s'enfuiront, et je ne voudrais pas qu'ils s'en allassent sans m'en être vengé. Descendons au pied du rocher et commençons le combat. Maugis arrivera pendant ce temps, et ils ne pourront nous échapper.

Richard resta sur le rocher, car il était extrêmement blessé. Quand les Français les virent, ils se dirent les uns aux autres :
— Voici les quatre fils Aymon qui viennent se rendre prisonniers. Ne les tuons point, mais prenons-les et nous les conduirons à Charlemagne.

Richard resta sur le rocher, car il était extrêmement blessé. Quand les Français les virent, ils se dirent les uns aux autres :
— Voici les quatre fils Aymon qui viennent se rendre prisonniers. Ne les tuons point, mais prenons-les et nous les conduirons à Charlemagne.

Ils dirent ensuite à Regnaut :
— Si vous vous rendez de bon cœur, nous prierons Charlemagne de vous pardonner.

Quand Oger les entendit ainsi parler, il pensa qu'ils voulaient se rendre. Il alla contre le rocher et dit à Regnaut et à ses frères :
— Vous avez tort d'avoir quitté le rocher qui était l'endroit le plus sûr pour votre vie.
— Nous ne sommes pas si fous que vous le pensez, lui répondit Regnaut, mais je veux que vous fuyez avant qu'il soit peu.

Pendant qu'ils parlaient, Oger vit venir Maugis monté sut Bayard à la tête d'une armée assez considérable, ce qui lui fit dire :
— Il faudrait que nous fussions cent mille pour pouvoir les combattre.

Maugis arriva et ayant aperçu Oger, il lui dit :
— Vous êtes bien fol d'être venu ici pour commettre une trahison. Vous ne devez pas le faire ; il sont vos parents et je suis surpris que vous y consentiez.

Alors il courut contre Oger et lui fit une grande plaie. Quand Oger sentit le coup, il en fut si irrité qu'il voulut courir sur Maugis, mais il ne le put, car Bayard, sentant son maître, courut vers lui. Alors Maugis descendit et fut embrasser Regnaut, Allard, Guichard, et demanda après Richard.
— Cousin, lui répondit Regnaut, il est si blessé, que je ne sais s'il en guérira.

Regnaut s'arma et monta sur Bayard, ayant l'écu au col et la lance à la main. Il dit à ses frères :
— Armez-vous, nous avons du secours.

Regnaut courut contre Oger et le désarçonna ; il prit ensuite son cheval et lui dit :
— Vous avez bien mal agi pour un parent, aussi méfiez-vous de moi, comme nous le ferons de vous.

Maugis courut alors contre un chevalier nommé Guichard et le frappa si fort sur son écu qu'il le renversa mort. Il mit ensuite l'épée à la main et tua un chevalier nommé Allard, et cria « Montauban ». Ils crièrent tous :
— Tombons sur les Français ; ils font bien voir leur lâcheté en attaquant quatre chevaliers désarmés.

Le combat devint terrible et les Français furent défaits. Et voyant le dommage que Regnaut et ses gens leur avaient fait, ils se retirèrent avec Oger vers la rivière Dordogne. Oger la passa à la nage sur son cheval et mit aussitôt pied à terre. Regnaut le voyant là se moqua de lui. Les Français aussi reprochèrent à Oger de fuir sans avoir pris les fils Aymon. Oger, méprisé de part et d'autre, devint triste et les gens de Charlemagne le laissèrent sur les bords de la Dordogne. Après avoir invectivé Regnaut, Oger repassa la rivière pour le combattre.

Regnaut en eut pitié, voulut refuser le combat, mais il ne put y échapper car Oger l'attaqua. Ils brisèrent tous deux leur lance en se blessant, puis ils combattirent à l'épée. Comme Bayard et le cheval d'Oger se mirent à se mordre, Oger courut pour protéger son coursier. Regnaut le frappa, le blessa à la cuisse et le renversa par terre. Voyant venir Allard, Guichard et Maugis, Oger repassa la rivière. Les frères de Regnaut empêchèrent celui-ci de passer la rivière à son tour pour aller continuer le combat. Ils lui dirent :
— Vous outragez trop celui qui vous a fait du bien ; vous savez que sans Oger nous serions morts et le secours de Maugis serait devenu inutile. Laissez Oger en paix.

Les trois frères allèrent retrouver Richard et Oger retourna vers le camp de Charlemagne. Celui-ci demanda :
— Où sont les quatre fils Aymon ?
— Sire, répondit Oger, je crois qu'il est impossible de les prendre, car ce sont les meilleurs chevaliers du monde.

Et Oger raconta tout le combat et l'arrivée de Maugis. Roland reprocha à Oger d'avoir épargné les fils Aymon parce qu'ils étaient ses cousins .; cela blessa Oger qui voulut le combattre. Roland sortit son épée. Le duc Naimes et le comte Emeri dirent à Roland :
— Que pensez-vous faire ? Cela n'est pas comme vous le dites, car Oger n'est pas content, et sans le roi, il en serait autrement. Oger est un noble chevalier, et tous nous sommes surpris comme le roi souffre tant d'orgueil de votre part. Mais nous ne le souffrirons pas.

Le roi fut fâché de cette querelle et dit :
— Roland, demeurez tranquille, je saurai demain comment Oger se sera comporté.
— Sire, dit Oger, je le veux bien. Il n'y a personne d'assez hardi en France pour m'accuser de trahison, et je suis prêt à combattre contre lui. Je me souviendrai des paroles que Roland a avancées contre moi et je lui promets qu'en tel endroit que je le trouve, je saurai lui en rendre la récompense. Roland s'est trop pressé de me menacer qu'il me frapperait sans que je lui en eusse donné sujet. Mais qu'il apprenne que s'il voyait Regnaut monté sur Bayard, il ne le traiterait pas de lâche et n'oserait l'attendre.

Roland lui dit :
— Certainement, vous lui donnez assez d'éloges. Plaise à Dieu que je puisse le rencontrer monté sur Bayard et tout armé, pour savoir s'il est aussi vaillant que vous le dites.




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