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Le Cercle Médiéval en police de caractère adaptée

Les légendes d'Ourthe-Amblève

Les quatre fils Aymon

Chapitre XXXII

COMMENT REGNAUT ENVOYA SES ENFANTS A PARIS VERS CHARLEMAGNE, HONORABLEMENT ACCOMPAGNES, AFIN QU'IL LES REÇUT CHEVALIERS.

Régnant eut beaucoup de chagrin, tant du départ de Maugis que de la mort de sa femme ; mais il se consola avec ses frères le mieux qu'il put. Dans ce temps, le duc Aymon mourut et fit ses enfants héritiers de tous ses biens. Regnaut partagea les biens de son père entre ses frères et ne retint pour lui que Montauban. Il les maria ensuite fort richement. Il demeura à Montauban avec ses enfants, auxquels il instruisit les bonnes mœurs et les nourrit jusqu'à ce qu'ils fussent en état de porter les armes. Un jour il les mena dans la campagne et fit porter des lances pour les essayer à jouter. Il y conduisit avec lui vingt chevaliers avec lesquels il fit jouter ses enfants qui joutèrent aussi bien que s'ils eussent été depuis deux ans à la guerre.
— Père, dit Aymonet, nous sommes prêts à vous obéir en ce que vous nous commanderez ; il me semble que vous faites bien de nous faire suivre la guerre.
— Père, dit Yonnet, vous n'en serez pas fâché, et puisque vous avez dit que nous serions chevaliers, nous sommes tout prêts à partir quand il vous plaira.

Regnaut et ses enfants retournèrent alors en grande joie au château de Montauban. Quand il fut arrivé au château, Regnaut appela son sénéchal et lui dit :
— Je vous recommande de faire habiller honorablement mes enfants en tout ce qu'il y a de plus riche, car je veux les envoyer à la cour du roi pour qu'ils soient faits chevaliers.

Aussitôt le sénéchal fit le commandement de son maître. Il fit amener deux beaux chevaux couverts de riches housses, leur mit de très belles selles d'épreuve pour les deux jeunes chevaliers. Quand ils furent bien arrangés, il les conduisit devant Regnaut qui, les voyant en si bel ordre, fut bien satisfait. Puis, il fit armer environ cinq cents chevaliers pour accompagner ses enfants, auxquels il dit :
— Mes très chers enfants, vous êtes bien arrangés, Dieu merci, et voici une bonne compagnie de gens de bien pour vous accompagner. Avec eux vous vous rendrez auprès du roi Charlemagne qui, comme je le pense, vous fera beaucoup d'amitiés par rapport à moi, Vous êtes de noble famille, aussi je vous prie de ne rien faire qui puisse vous attirer des reproches. Je vous recommande, sur la foi que vous me devez, de dépenser honnêtement l'argent que je vous donne et de ne point épargner aux pauvres gentilshommes. Et quand vous n'en aurez plus, envoyez-en chercher. Surtout je vous recommande de servir Dieu, quoi que vous ayez à faire. Je vous recommande aussi les pauvres chrétiens, et que de votre bouche il ne sorte pas de mauvaises paroles, ni à fille ni à femme. Rendez honneur aux gens de bien, je vous le recommande, et ne dites mal de personne ; mais conservez-vous toujours dans une fidélité inviolable. Pour vous, Yonnet, il faut que vous portiez honneur et respect à Aymonet votre frère, parce qu'il est plus âgé que vous.

Yonnet lui répondit :
— Soyez sûr que je servirai mon frère comme je voudrais vous servir.
— Je vous jure, mon fils, si vous agissez ainsi, que vous en serez estimé toute votre vie, où que vous soyez ; mais je vous recommande encore de prendre garde de trop parler ; car si vous parlez trop, les Français diront que vous ne ressemblez ni à moi ni à vos oncles, parce que nous ne parlons pas volontiers.
— Père, dirent les enfants, nous avons confiance en Notre Seigneur Jésus-Christ ; qu'il nous préserve de nous méprendre ; et nous ferons de telles choses que vous en serez content.

Quand Regnaut entendit ainsi parler ses enfants, il fut satisfait ; et les tirant à part, il leur dit :
— Mes enfants, vous allez en France ; souvenez-vous de ce que je vous dis. Vous devez savoir qu'il y a beaucoup de gens de Charlemagne qui ne nous aiment guère ; sachez que ce sont ceux de Mantes. Je vous recommande de n'aller ni venir avec eux, telles choses qu'ils puissent dire, et s'ils vous outragent, pensez à bien vous venger, en leur montrant que vous êtes fils de Regnaut de Montauban.
— Père, dirent les enfants, ne craignez rien ; nous ne souffrirons jamais qu'on nous outrage.
— Mes enfants, leur dit-il, mettez-vous devant moi.

Alors ils s'agenouillèrent devant lui et il leur donna sa bénédiction, ensuite il les embrassa en pleurant.




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