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Le Cercle Médiéval en police de caractère adaptée

Les légendes d'Ourthe-Amblève

Les quatre fils Aymon

Chapitre IX

COMMENT CHARLEMAGNE AYANT APPRIS QUE REGNAUT ET SES FRERES ETAIENT AU FORT DE MONTAUBAN, SOMMA LE ROI YON DE LUI RENDRE SES ENNEMIS, A SAVOIR : REGNAUT ET SES FRERES, SOUS PEINE D'ETRE ASSIEGE. LE ROI REPONDIT QU'IL N'EN FERAIT RIEN.

Le roi Charlemagne étant à Paris, eut un jour envie d'aller en pèlerinage à Saint-Jacques en Galice. Il partit de Paris et emmena avec lui Oger le Danois, Naimes de Bavière et plusieurs autres seigneurs. Après plusieurs jours de marche, ils arrivèrent à Saint-Jacques. Quand ils y furent, le roi entra dans l'église et déposa deux marcs d'or sur l'autel. Après avoir fait sa dévotion, il se mit en marche pour passer à Bordeaux. Comme il était en chemin, il aperçut le château de Montauban au-delà de la Gironde. Il dit alors :
— Seigneurs, voici une forteresse considérable ; je sais que le roi Yon l'a fait faire pour nous faire la guerre.

Il demanda à un homme du pays à qui était ce château.
— Sire, il se nomme Montauban ; c'est Regnaut, fils d'Aymon, qui l'a fait.

Charlemagne fut fâché d'apprendre ces nouvelles, et dit à ses barons qu'il venait de retrouver ses ennemis, les quatre fils Aymon.
— Oger et vous duc Naimes, montez à cheval et allez trouver le roi Yon. Vous lui direz qu'il me livre les quatre fils Aymon qui sont mes ennemis, et qu'il me donne des chevaliers pour les conduire jusque dans mon pays, afin de les faire pendre. S'il ne le veut faire, dites-lui que d'ici trois mois je serai dans la Gascogne avec mon armée, et que je viendrai mettre le siège dans la ville de Bordeaux. Si je puis le prendre, je le punirai certainement.

Oger fit le message que le roi lui avait ordonné, et dit au roi Yon tout ce qui lui avait été recommandé.
— Oger, dit le roi Yon, il est vrai que j'ai les quatre fils Aymon qui sont très vaillants ; ils m'ont secouru au besoin. J'étais déshérité sans eux. En récompense des services qu'ils m'ont rendus, j'ai donné en mariage ma propre sœur à Regnaut, aussi je serais un traître si je les livrais entre les mains de leurs ennemis mortels, puisqu'ils m'ont si bien servi. J'aime mieux mourir ou être déshérité, que de leur causer aucun déshonneur, car Charlemagne lui-même m'en blâmerait. Vous pouvez dire à l'empereur de ma part que j'abandonnerai plutôt mon bien que de les rendre.

Quand le roi Yon eut parlé, Regnaut dit à Oger :
— Je ne sais pourquoi Charlemagne ne veut pas nous laisser en repos. Il nous a chassés de France, il a pris notre château de Montfort, et nous a rendus errants et fugitifs, et il veut encore nous chasser de Gascogne. S'il veut, nous sommes encore prêts à faire sa volonté ; mais s'il refuse, apprenez-lui que nous sommes en état de nous défendre. Oger, je veux que Charlemagne sache que le roi nous a fait faire un château qui s'appelle Montauban qui est bien fortifié.

Oger lui dit :
— Vous parlez comme un insensé. Croyez-vous nous inspirer de la terreur par vos discours ? Vous savez que Charlemagne vous fit chevalier ; vous avez tué son neveu Berthelot, ainsi ne pensez pas avoir jamais la paix avec lui. Croyez-vous être bien sûrs parce que vous avez une forteresse ? Sachez qu'avant deux mois d'ici nous détruirons le pays.
— Oger, dit Regnaut, je vous jure que quand Charlemagne sera en Gascogne, il désirera n'y être jamais venu, et nous verrons qui de lui ou de nous remportera la victoire ; et tel qui parle bien haut, baissera alors d'un ton.
— Faites à votre volonté, lui dit Oger ; j'ai accompli le message, je m'en retourne vers l'empereur, auquel je rendrai vos intentions.




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