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Les artisans du mal

Les Loups-Garous

Sites et récits

Un homme qui fait le loup-garou possède une peau de loup, la rouffe, qu'il met, le poil en dedans, la nuit, au lieu d'habits. Il reçoit cette peau du Malin et la cache soigneusement durant le jour. Le loup-garou est sauvé si quelqu'un découvre cette peau maudite et la brûle. Les balles qu'on veut tirer sur lui doivent être en argent et bénites, sinon elles fondraient sur la peau. Frappé à sang, le garou reprenait, paraît-il, sa forme humaine et conservait sa blessure.

On trouvait les loups-garous la nuit, généralement dans les bois, assis autour d'un grand feu ou errant en bande. En Ardenne méridionale, ces suppôts de Satan se montraient plutôt pacifiques, allant même jusqu'à remettre les voyageurs égarés sur le bon chemin. Ailleurs, ils faisaient preuve d'une grande férocité et attaquaient les passants attardés. La lycanthropie fut souvent l'apanage des sorciers. Beaucoup d'entre eux, reconnus et condamnés, furent brûlés vifs.

Les Loups-garous du Dansau

Du haut des ruines du château d'Herbeumont, on aperçoit, sur l'autre rive de la Semois et dans la direction de Mortehan, une montagne boisée qu'on appelle le Dansau. Autrefois, c'était un lieu mal famé où il n'était pas bon de s'attarder une fois la nuit tombée. Les sorcières s'y réunissaient pour accomplir leurs danses rituelles, d'où son nom de Dansau, et, certains soirs, la Chasse fantôme du sire d'Herbeumont traversait ces bois à cor et à cri. Mais le Dansau était surtout connu comme séjour des loups-garous.

Revenant un soir de Sedan, une femme de Mortehan passa en ce lieu maudit. Voyant un feu brûler dans le hallier, elle s'approcha pour se réchauffer. Horrifiée, elle découvrit un homme et quatre loups couchés à terre autour du foyer. L'homme, un sorcier nommé Cape, lui fit signe d'avancer et de s'asseoir sur une des bêtes. Puis, discrètement, il lui dit à l'oreille : «Prends garde de te laisser reconnaître, car le loup t'étranglerait sans miséricorde.» Tremblant de tous ses membres, la pauvre femme obéit. Lorsqu'elle se fut réchauffée, elle se leva doucement pour partir. Le sorcier la suivit jusque sur le chemin et lui recommanda de ne rien raconter de ce qu'elle avait vu ni à homme ni à bête. Sa vie dépendait de son silence.

Le secret était lourd à garder. La femme, pour s'en débarrasser, usa d'un singulier subterfuge : une nuit, elle se rendit au cimetière paroissial et, se tournant vers un mur, elle fit à voix haute le récit de sa mésaventure. Mais des individus qui se trouvaient derrière ce mur ne perdirent pas un mot de sa confession, et ainsi fut connue cette histoire.

Le Poteau de Vlèssart

Les carrefours isolés ont toujours été des lieux de prédilection pour les assemblées nocturnes des sorcières et des loups-garous. Dans la forêt d'Anlier, ces suppôts de Satan avaient coutume de se réunir au Poteau, point d'intersection des chemins de Vlèssart, Bodange et Wisembach. Revenant un soir de Habay, un homme monté sur son cheval traversa la forêt. La nuit était claire, et une lune parfaitement ronde irradiait. L'homme n'était point peureux. Pourtant, le cri rouillé d'une chouette mit plusieurs fois ses nerfs à l'épreuve.

Arrivé près du Poteau, il distingua quatre formes noires sur le carrefour. Pour se donner du courage, il fit le signe de croix et mit sa bête au pas. Soudain, les loups-garous se levèrent et vinrent à sa rencontre en clopinant tantôt sur deux pattes, tantôt sur quatre. Velus et menaçants, ils faisaient peur à voir. De chaque côté du chemin ils s'accroupirent, prêts à bondir sur le passage de notre homme. Celui-ci tira son couteau et de la pointe piqua la jument, laquelle, hennissant de douleur, s'enleva en un galop furieux. Comme une trombe, elle passa entre les loups-garous qui se lancèrent à sa poursuite. Mais la jument était très rapide, et moins de dix minutes plus tard, l'homme était sauvé.

Jean le loup-garou

Commanster est un petit village de Haute Ardenne. Entouré de bois et de fagnes désertiques, l'endroit est propice aux légendes. Jean Close, un habitant de Commanster, courtisait une fille de Neuville, près de Vielsalm. Un soir, il la rencontra au milieu de la forêt. Comme il voulait l'embrasser, un éclat de rire fusa, la jeune fille disparut et le garçon se trouva avec un fagot de genêts dans les bras. Il comprit qu'il avait eu affaire au diable.

Depuis ce jour, Jean Close devint loup-garou pour sept ans. Durant cette période, il ne devait pas être reconnu, sous peine de rempiler. Son comportement bizarre suscita la méfiance de tous. Sa bonne amie de Neuville se détourna de lui et épousa un autre prétendant. Plusieurs fois, il chercha à se venger d'elle, mais sans y parvenir. Le dernier jour de son septennat, Jean accompagna sa mère à Vielsalm. Pendant qu'elle faisait ses courses, il aperçut le fils de son ancienne promise sortant de chez lui. Il voulut se jeter dessus mais l'enfant éternua, et la mère, du fond de sa cuisine, lui cria : «Dieu vous garde!» Ces paroles réduisirent le loup-garou à l'impuissance.

Plus tard, revenant vers Commanster, la mère s'arrêta à mi-chemin pour se reposer tandis que le fils s'enfonçait dans la forêt. Soudain, un loup surgit et attaqua la vieille femme, lui déchirant son tablier. Quand le fils fut de retour, elle lui raconta sa mésaventure. Le jeune homme sourit, et la mère remarqua entre ses dents des bribes de son tablier. Reconnu, Jean fut obligé d'être encore loup-garou pour sept ans. Malheureusement pour lui, il finit par être appréhendé et fut enfermé jusqu'à la fin de ses jours dans un cachot du château de Vielsalm.

Le Loup-garou d'Orchimont

A la fin du XVIIIe siècle, le pays d'Orchimont, vaste plateau entrecoupé de gorges profondes, connut une vive émotion lorsqu'un vitrier de Grosfays tomba sous les griffes d'un loup-garou. L'homme se défendit, blessa son agresseur qui prit la fuite. Quelques jours plus tard, à l'heure méridienne, deux bûcherons, Philippe Lechesne et Jean Warzée, s'étaient assoupis à l'ombre d'un arbre. Suspicieux, Philippe ne dormait que d'un œil, épiant son compagnon. Celui-ci avait le sommeil agité, semblait en proie à un cauchemar. Soudain, il balbutia ces mots : «Pas cette nuit, Maître Léonard, pas cette nuit ! » Voulant en avoir le cœur net, Philippe se pencha sur lui, souleva sa chemise et découvrit sur l'homme une blessure mal cicatrisée. Il fit mine de rien, mais, au soir, avant de retourner, moqueur, il lança à son compagnon : «Bonne nuit Jean et que Maître Léonard te laisse dormir dans ton lit. » Découvert, le garou entra dans une rage folle et jura de se venger.

Un mois s'écoula. C'était la fête à Bohan. Dans la nuit, un groupe de villageois regagnait Orchimont. Philippe Lechesne marchait en tête avec les hommes ; sa femme et sa petite fille de trois ans suivaient loin en arrière. Soudain, un cri retentit à la queue du cortège. La petite Lechesne avait été arrachée des bras de sa mère par un loup-garou. Aussitôt, Philippe — armé d'une hachette — et sa femme se lancèrent à la poursuite du ravisseur et disparurent dans la nuit. Les Leschesne n'étant pas reparus le lendemain, on organisa une battue. On découvrit Philippe râlant sur les hauteurs du Sautou, le corps déchiqueté de sa petite fille dans les bras. Plus loin, Jean Warzée baignait dans son sang, le crâne fendu jusqu'au menton. Quant à la pauvre mère, elle avait trébuché sur la pente raide de la colline et roulé jusque dans une crique de la Semois où on la retrouva sans vie.



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