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Esprits des forêts et de la nuit

Les fées

Sites et récits

La fée bleu

Avatars plus ou moins complexes des Parques, des déesses-mères et d'une série de divinités topiques liées au culte des bois et des fontaines, les fées présidaient aux destinées des hommes.

Très présentes dans le pays de la Semois où elles remplacent les nutons, les fées habitaient les failles des rochers et les ruines énigmatiques. Ces femmes surnaturelles, à la beauté proverbiale, jouissaient d'une certaine puissance magique, dispensaient la bonne ou la mauvaise fortune et avaient un goût prononcé pour la danse et les rondes. Trait commun à toutes ces dames : elles possédaient une vache qui, chaque matin, se joignait au troupeau local. Quand c'était leur tour de nourrir le pâtre, elles attachaient son dîner à une corne de la bête.

Aujourd'hui, les fées ne se manifestent plus. On prétend qu'elles se sont endormies au tréfonds des montagnes et qu'elles s'éveilleront de ce long sommeil lorsque les prêtres ne réciteront plus à la messe l'Evangile de saint Jean.

Le Château des fées

Cette petite fortification médiévale se dresse sur une éminence rocheuse de la Moyenne-Semois, entre Bertrix et Mortehan. L'ouvrage, qui décrit un ovale irrégulier, est dominé au nord par une plate-forme portant les vestiges d'un donjon. Sauvagement isolé dans son écrin forestier, ce castel était autrefois la demeure des fées.

Celles-ci possédaient un coq dont la voix était perçue à plus de cinq kilomètres à la ronde. On disait du volatile qu'il «chantait comme un Lombard». Les fées avaient aussi une vache qui, pendant le jour, allait se mêler à la herde commune. Le soir, la bête quittait le troupeau et disparaissait mystérieusement dans la forêt. Quand c'était le tour des fées de nourrir le pâtre, celui-ci trouvait une collation attachée dans un mouchoir blanc à la queue de la vache, et, à la fin de chaque mois, l'argent qui lui revenait était fixé à la corne droite du bovin.

Une nuit de haute lune, un joli bossu, passant près du château, surprit les fées qui chantaient, dansaient, et se joignit à elles. A leur refrain «Dimanche, lundi», il ajouta: «... mardi». Comme la ritournelle ainsi allongée leur avait plu, les fées récompensèrent le bossu en lui ôtant sa bosse. Le résultat de cette aventure fut vite connu, et bientôt un autre bossu, vilain celui-là, se présenta au Château des fées un soir de danse. Imitant son congénère, au nouveau refrain il ajouta : «... et mercredi». Mais il brailla plus qu'il ne chanta, et ses paroles furent si discordantes que les fées, dans leur rage, lui collèrent par devant la bosse qu'elles avaient enlevée au précédent.

A lire également : Légendes de Gaume et Semois - Le château des fées

La Roche des fées

Ce rocher, émergeant de la côte du Satti, surplombe entre Bouillon et Dohan un grand méandre de la Semois. Du haut de cette terrasse rocheuse, divisée dans sa longueur par une faille profonde, la vue plonge sur l'isthme boisé du Han. Dans cette boucle de la rivière s'élevait autrefois une métairie, siège d'un petit domaine dépendant de Bouillon. Le bâtiment a disparu, mais le nom est resté : c'est la Ferme aux couleuvres.

Il y a bien longtemps de cela, le fils d'une fée, très épris de la fille du fermier, désirait l'épouser. Mais le père, voyant cette alliance d'un très mauvais œil, repoussa le prétendant. Pour venger cet affront, la fée envoya dans la ferme un grand nombre de couleuvres qui s'insinuèrent partout, tétaient les vaches et gobaient les œufs. Plus on en tuait, plus il en arrivait. Voulant à tout prix enrayer cette invasion, le fermier fit venir un rebouteux, lequel brûla les reptiles à l'exception d'un seul, d'une grosseur prodigieuse, qui était la reine des couleuvres. L'homme conseilla au propriétaire d'épargner cette dernière, sinon il lui arriverait grand malheur. Mais le fermier n'en fit qu'à sa tête : il tua le serpent, et sa ferme tomba en ruine.

La Roche des fées est aussi appelée Roche qui tourne parce que la nuit de Noël, aux douze coups de minuit, elle tourne de 180° sur elle-même.

Le Trou des fées

Cette cavité peu profonde s'ouvre sur le versant occidental d'un promontoire rocheux situé entre Vresse et Orchimont. Juché à mi-côte au-dessus du ruisseau des Blancs-cailloux, son accès est difficile. De ce trou les fées avaient fait leur palais. Comme les autres dames de la vallée de la Semois, celles de Vresse avaient une vache qui, durant la journée, se joignait à la herde locale. Lorsque venait leur tour de nourrir le herdier, elles liaient sa marinde (du latin merenda : dîner, collation) à une corne de l'animal.

Le trou des fées à Vresse

Le Trou des fées à Vresse.

Dans la vallée de la Semois, on croyait les fées capables d'engendrer. A ce propos, on raconte qu'une sage-femme de Vresse s'était rendue au Trou des fées pour aider l'une de ces dames à accoucher. Pour prix de son dévouement, elle reçut deux épis de blé, ce qui lui parut une bien maigre obole. Mais rentrée chez elle, ils se trouvèrent changés,en or!

En contrebas de la colline, une petite prairie enclose de murs en pierres sèches recevait nuitamment la visite des fées. Sur l'herbe foisonnante de la clairière, elles aimaient gambader, folâtrer, danser sous l'œil complice de la lune. Aujourd'hui le Courtil des fées a disparu, ses hôtes surnaturels également, mais leur souvenir hante encore ces lieux paisibles, pleins de la rumeur des eaux et de chants d'oiseaux.

Les Fées du Hultai

Logée dans une boucle de la Semois, entre Dohan et Auby, la colline du Hultai, ou Libehan, était autrefois le séjour des fées. Sur son sommet relativement plat s'étendaient des herbages verdoyants enclavés dans la forêt. Les fées les avaient choisis pour cadre de leurs assemblées, pour leurs ébats et leurs rondes nocturnes. Pendant des siècles, leur présence avait éloigné du Hultai les pâtres et les bûcherons les plus audacieux.

Mais, le cheptel bovin croissant sans cesse, les pâturages devinrent bientôt insuffisants. Le plateau du Hultai excitait les convoitises, mais personne n'osait s'y aventurer.

Un jour cependant, le fils d'un fermier des Hayons, qui avait fait des études à Bouillon, releva le défi. Esprit fort, il ne faisait pas foi à ces grossières superstitions d'un autre âge. Non sans quelques appréhensions tout de même, il conduisit son troupeau sur le Hultai. Revenu sain et sauf de cette incursion et stimulé par ce succès, il récidiva.

Le bétail, au lieu de dépérir sous l'effet d'un sort, engraissait. Le tabou était rompu, et d'autres pâtres prirent le chemin du Hultai. Forcées d'abandonner leur domaine, les fées quittèrent le pays et transportèrent leurs pénates en Basse-Semois, où elles allèrent habiter la Roche blanche, petite falaise des environs de Membre.

A lire également : Légendes de Gaume et Semois - Tcha-Tcha, la flûte et les fées du Hultai

La Table des fées

Chassées du plateau du Hultai, les fées s'installèrent entre Membre et Bohan, dans un coude de la Semois. Elles y habitaient une petite caverne, le Trou des fées, qui est située en contrebas de la Roche blanche, près du ruisseau de Ransnimont. Comme à Bertrix et à Vresse, elles avaient une vache qui allait retrouver la herde communale, et à la corne de laquelle était suspendue la collation destinée au pâtre.

La Table des fées à Bohan

La Table des fées à Bohan

A minuit, les fées sortaient de leur souterrain, traversaient la Semois d'une volée et se rassemblaient sur un rocher de l'autre rive. Accroché à flanc de côte, ce monolithe vertical, presque cubique, a le sommet aplani de façon si parfaite qu'il fait songer à une table. Sur cette plate-forme, les dames de la Semois tenaient des conciliabules et organisaient leurs danses.

Après la Table des fées, les sylvaines gagnaient le sommet rocailleux de la montagne où elles aimaient folâtrer parmi les vestiges épars du Châtelet, un camp retranché de l'époque médiévale. Puis, avant le lever du jour, elles réintégraient prestement leur demeure, laissant roches et ruines dans une solitude farouche.



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