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Les légendes du Christ

Sites et récits

Ces récits, relevant tantôt du conte, tantôt de la légende géographique, relatent les voyages du Christ à travers nos régions. Dans ses pérégrinations, Jésus est souvent accompagné par saint Pierre (exceptionnellement par saint Jean), lequel, dévoué et naïf, accomplit les missions qui lui sont confiées.

Les thèmes les plus rencontrés dans ces contes sont l'inhospitalité, la dureté et l'égoïsme que le Seigneur, pourtant magnanime, punit sévèrement. Prenant souvent l'apparence d'un pauvre voyageur, il met à l'épreuve l'homme qu'il rencontre. Si celui-ci manque à ses devoirs de charité, il est, selon la légende, changé en un bloc de pierre ou disparaît dans l'anéantissement de sa demeure.

D'autres récits nous montrent le Christ sauvant de l'épidémie un village tout entier. A ces dons de guérisseur s'ajoutent parfois les bienfaits d'une fontaine médicinale, que la légende tient à valoriser. Lorsqu'il est opposé au diable, Jésus garde l'anonymat et n'éprouve aucune peine à battre son vieil ennemi.

Les légendes du Christ ont eu pour effet de rendre l'image de Dieu le Fils plus concrète, plus familière, plus proche aussi des hommes de ce pays.

Les Blancs cailloux

A l'ouest du petit village de Mousny (Ortho), un éboulis de quartz, blanc comme l'albâtre, affleure la colline. Ce demi-cercle de cailloux épars — qui fait penser à un amphithéâtre — est dominé, au nord, par un bloc plus volumineux que les autres. Son profil a quelque chose d'un homme. Pour les autochtones, il s'agit d'un berger pétrifié, les roches voisines figurant son chien et ses moutons.

La légende raconte qu'un pèlerin, en route pour l'Ermitage Saint-Thibaut (Marcourt), rencontra, sur les hauteurs de Mousny, un berger auquel il demanda à boire. Mais cet Ardennais, dur et sauvage, refusa de partager son eau, excita son chien contre le voyageur et le lapida pour qu'il s'éloigne plus vite. Ce dernier, qui n'était autre que Jésus, ramassa la pierre jetée et la renvoya vers le berger. En l'atteignant, celle-ci le pétrifia ainsi que ses moutons et son chien. Cette légende connaît de nombreuses variantes. Dans l'une d'elles, c'est un éclair dirigé par le Bon Dieu qui change en pierre berger, chien et moutons. Ailleurs, c'est à une grêle effroyable que pâtre et troupeau doivent leur métamorphose.

Outre son caractère légendaire, l'éboulis des Blancs cailloux de Mousny est également un site archéologique reconnu. Des silex préhistoriques ont été découverts dans son alentour, et il est plus que probable que ces blocs de quartz ont été, dans un passé très lointain, l'objet d'un culte. Ici encore, folklore et archéologie se trouvent étroitement mêlés.

La Fontaine salée

Cette eau thermale sourd aux confins de la commune de Redu, dans le vallon du Glan, en contrebas de la route de Neuf château. Au début du siècle, on en fit analyser quelques échantillons. Mais, malgré sa bonne teneur en sels guérisseurs, la fontaine n'a pu être exploitée, faute d'un débit suffisant.

Ce point d'eau a sa légende. Par une chaude journée de juillet, Jésus et saint Pierre, de passage en Haute-Lesse, traversaient les bois. Assoiffé, Pierre découvrit une source. Mais c'était la Fontaine salée, et il ne put s'y désaltérer. Sensible à sa déconvenue, Jésus lui dit : «Suis ce sentier, il conduit à Daverdisse. C'est la ducasse; tu y trouveras de quoi étancher ta soif. »

Deux heures plus tard, Pierre était déjà de retour, et Jésus s'en étonna. D'après son compagnon, tous les habitants de Daverdisse étaient atteints de dysenterie. Jésus lui proposa alors de retourner vers ce village et d'y parcourir les rues en criant : «Que la dysenterie se passe!» L'apôtre remplit sa mission et répondit à ceux qui le questionnaient : «Je suis Pierre. Je viens de la Fontaine salée d'où le maître m'a envoyé.»

Mais, dans sa précipitation, l'apôtre oublia de guérir les gens du moulin, celui-ci étant situé en dehors de la localité. On se dépêcha d'envoyer un garçon à la Fontaine salée. Jésus et Pierre s'y trouvaient encore. Cette fois, le Christ décida d'y aller lui-même. Arrivé au moulin, il envoya toute la maisonnée laver corps et linge dans l'eau froide d'une source toute proche. Les meuniers exécutèrent cette ordonnance et furent sauvés. En souvenir de ces événements, la fontaine et la paroisse de Daverdisse furent consacrées à saint Pierre.

La Roche du diable

Dans le versant droit du défilé de Phade, un énorme bloc de «poudingue» s'est détaché du massif rocheux des Corpias et gît, à flanc de côte, entre la route de Monthermé-Thilay et la Semois. C'est la Roche du diable. Autrefois, prétend la légende, Satan terrorisait la région et possédait des forteresses sur les hauteurs du Liry, du Fay et du Roc la Tour.

Un jour vint un pèlerin qui demanda le gîte et le couvert. «Audacieux, lui cria le diable, que viens-tu faire sur mes terres? Ignores-tu qui je suis?

- Ta colère est vaine, lui répliqua le pèlerin, je ne te crains pas, et pour te prouver ma supériorité, faisons un pari. Tu vas dresser des quilles sur cette montagne (le pèlerin indiquait le Roc la Tour) et nous verrons lequel de nous deux est le plus fort. »

Le diable consentit de mauvaise grâce. Les quilles furent placées sur la montagne et les joueurs se postèrent juste en face, sur le promontoire du Fay. Satan, le premier, saisit un énorme bloc de poudingue et le lança de toutes ses forces. Mais le projectile manqua son but et atterrit dans la vallée. Le pèlerin, lui, d'une main sûre, abattit toutes les quilles, détruisant du même coup le Château du diable édifié sur le Roc la Tour. Le pèlerin n'était autre que Jésus, et, le découvrant, Satan détala prestement en laissant derrière lui une odeur de soufre.

La Roche du diable est connue également sous le nom de Roche du Tombeau, en souvenir de deux amants, Odette et André, qui périrent écrasés sous le monolithe. Pour conquérir Odette, André avait vendu son âme au diable. Mais, sous peine d'un grand malheur, il ne devait jamais embrasser la jeune fille après le chant du coq. Il désobéit, et le diable gagna deux âmes au lieu d'une.

La Mâle baraque

De passage au pays des deux Ourthe, Jésus envoya saint Pierre à Mormont pour chercher un renseignement dont il avait besoin (et dont la légende ne précise pas la nature). De retour pendant la nuit, Pierre rapporta, en plus du renseignement demandé par son maître, une accablante nouvelle. La peste faisait rage à Mormont, ainsi qu'à Filly, un hameau voisin. Touché de compassion, le Christ renvoya Pierre vers les villages infestés, avec pour mission de parcourir les rues en criant : «Que la peste se passe.»

Le bon apôtre obéit et se rendit d'abord à Filly. Tout alla pour le mieux : en moins d'un quart d'heure les malades étaient sur pied, rendant grâce à leur bienfaiteur. Après Filly, Pierre prit le chemin de Mormont. Ces marches forcées et l'empresse­ment avec lequel il accomplissait sa mission, lui avaient donné bien chaud et bien soif. Arrivé sur la hauteur qui sépare les deux villages, Pierre entra dans la maisonnette d'un bûcheron pour demander un verre d'eau fraîche. L'homme, bourru et curieux, voulut savoir à qui il avait affaire, interrogea l'apôtre sur le but de son voyage, etc. Mais Pierre refusa de satisfaire la curiosité de son hôte. Le bûcheron se fâcha, jura que l'apôtre ne sortirait pas de sa cabane sans avoir répondu à ses questions. La discussion fut vive et longue, si bien que Pierre n'atteignit Mormont qu'à l'entrée du soir.

Entre-temps, et par la faute du bûcheron, bien des pestiférés étaient passés de vie à trépas. Ce serait même à dater de ce moment que le village prit le nom de Mormont (le mont des morts). Aussi, sur le chemin du retour, saint Pierre, revoyant la cabane maudite, proféra cette malédiction : «Mâle baraque, mort à toi. » Aussitôt, dans un fracas épouvantable, la maisonnette se disloqua, puis s'effondra, ensevelissant le trop curieux bûcheron et sa famille.

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