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Les âmes en peine

Les revenants

Sites et récits

Appartenant à la famille des revenants, les spectres, les dames blanches et les fantômes étaient des âmes de défunts qui n'avaient pas mérité le repos éternel. Vêtus d'un linceul et poussant des gémissements abominables, ils hantaient les lieux (châteaux ruinés, carrefours désertiques, cimetières et marécages) qui avaient été témoins de leur infortune et où, bien souvent, ils avaient trouvé une mort violente.

Dans la plupart des cas, les spectres «revenaient» sur terre pour faire pénitence, en expiation d'un crime par exemple, ou pour effacer une faute grave. Ils apparaissaient la nuit, à des dates fixes, et toujours au même endroit. La nuit du 1er novembre (fête de la Toussaint) au 2 novembre (jour des morts) était réputée maléfique. Le soir venu, on rentrait le bétail à l'étable, et chacun restait chez soi. Se mettre en route cette nuit-là, c'était s'exposer à de lugubres rencontres ou à s'égarer jusqu'au matin.

Pour faire disparaître les revenants, on récitait des prières, on faisait dire des messes spéciales à leur intention et on exorcisait les lieux hantés.

La Fileuse du Château de Linchamps

Entre Hautes-Rivières et Nohan, sur un haut promontoire enserré par la Semois, s'élevait autrefois une puissante forteresse du nom de Linchamps. A l'abri de sa triple enceinte bastionnée, ce château, reconstruit dans le milieu du XVIe siècle par un certain Jean de Louvain, baron de Rognac, servit de repaire à une bande de reîtres, sans foi ni loi, qui pillaient les terres d'Empire toutes proches.

Démantelée sous le règne de Louis XIV, cette vaste fortification de pierre et de terre ne se releva jamais de ses ruines. Ses vestiges, enfouis sous les arbres et la mousse, sont discrets mais encore importants pour qui sait les reconnaître : terrasses d'artillerie, escaliers taillés dans le roc, caves et parapets.

On raconte que, naguère, la dernière châtelaine de Linchamps apparaissait toutes les nuits assise dans une anfractuosité en forme de siège, reste d'une ancienne tourelle, qu'on appelle Chaise de la fileuse, car ce fantôme, enveloppé d'une gaze légère et blanche, y filait à longueur de nuit. On pouvait voir tourner son rouet qui ne faisait aucun bruit. Quand la dame se levait, elle poussait du pied quelques pierres qui tombaient dans la Semois, comme si elle eût voulu faire disparaître toute trace de son ancienne demeure.

A Nohan, les mères disaient souvent à leurs enfants : «Prends garde à la fileuse ! Si tu n'es pas sage, elle t'écrasera en te jetant une grosse pierre.»

La Borne déplacée

De toujours la borne a eu un caractère sacré. Tout déplacement de cette limite constituant une atteinte à la propriété, les usurpateurs étaient envoyés devant les tribunaux, et il s'ensuivait toute sorte de litige onéreux et sans fin. Une légende, très populaire en Ardenne comme ailleurs, a pour thème la borne déplacée.

Un propriétaire sans scrupules avait déplacé, pour agrandir sa terre, la borne qui séparait son champ de celui du voisin. Ce dernier, qui craignait les procès, ne se plaignit pas, disant : «Laissez! laissez! le voleur rendra compte, dans l'autre monde, de sa mauvaise action». Or, l'escroc mourut, et, toutes les nuits, son fantôme portant la pierre à bout de bras errait dans le champ dont il avait changé la limite. Souvent, on entendait sa voix lamentable qui gémissait : «Où dois-je la remettre? où dois-je la remettre?» Mais ceux qui le rencontraient enveloppé dans son suaire s'enfuyaient à toutes jambes.

Un soir cependant, un paysan attardé qui avait pris de la bouteille, passa près du champ en question. Au revenant qui lui demandait : «Où dois-je la remettre?», notre homme répondit machinalement : « Remets-la où tu l'as prise ! » Le lendemain, la borne avait retrouvé sa place primitive, et on ne revit plus le spectre dont l'âme avait enfin gagné le repos éternel.

Le Fantôme du Château de La Roche

Dominant la villette qui porte son nom, le château de La Roche, ruine sombre de schiste brun noir, commandait autrefois le passage dans cet étroit défilé de la vallée de l'Ourthe.

Il y a bien longtemps, le seigneur du lieu, désirant marier sa fille Berthe, organisa un tournoi pour départager les nombreux prétendants. Un seigneur voisin, Waleran de Montaigu, déjà promis à Marie de Salm, se rendit à La Roche par pur goût des armes et des joutes. Mais, quand il vit Berthe, il en tomba éperdument amoureux et oublia sa fiancée.

Le tournoi s'engagea. Waleran allait sortir vainqueur de l'épreuve, lorsqu'un chevalier, de petite taille et tout cuirassé de noir, entra en lice. Sûr de lui, Waleran combattit l'inconnu mais fut rapidement désarçonné. Selon le vœu de son père, Berthe épousa le chevalier mystérieux qui ne désirait toujours pas se faire connaître.

Dans la nuit qui suivit la noce, un cri terrible jaillit de la chambre des époux. Le seigneur accourut aussitôt et, par la fenêtre, découvrit avec effroi le corps de Berthe gisant sans vie au pied du rempart. Le chevalier noir avait disparu, et il fallut de nombreuses années avant de connaître l'explication de cet horrible drame.

L'étrange chevalier n'était autre que Marie de Salm, laquelle pour se venger, avait pactisé avec le diable. Animée par les puissances du mal, elle réussit à battre Waleran et, après avoir poignardé sa rivale, jeta son corps par la fenêtre. Puis, se sentant perdue, elle plongea dans le vide à son tour, mais le diable la saisit au passage pour la conduire en enfer.

Depuis lors, certaines nuits, le spectre de Berthe de La Roche paraît dans les ruines du château, déambule et tombe pour la enième fois du haut des remparts.

Le Bayeux des Mazures

En Ardenne française, Les Mazures est un petit village cerné par la forêt. Le Bois des Marquisades, plein de fondrières et de marécages, sépare cette localité de la vallée de la Meuse. C'est ce lieu désert et sinistre qu'a choisi un revenant, le Bayeux (le crieur), pour théâtre de ses exploits nocturnes.

Jadis vivait aux Mazures un riche paysan, usurier à ses heures, qu'on surnommait «Mochet» (de émouchet : petit rapace), tant à cause de sa physionomie que de sa cupidité. Tout lui était bon pour augmenter sa fortune de quelques deniers. Intéressé et calculateur, en affaire il ne faisait pas de sentiment.

Un jour, revenant de Revin, il se trouva pris par la nuit. Un brouillard laiteux se coulait entre les troncs nus des arbres, obstruait toute perspective. L'homme se perdit. Soudain une lumière apparut au loin. Se croyant sauvé, le Mochet marcha dans sa direction et tomba dans une fange. Il vit alors la lumière s'approcher de lui et voltiger au-dessus de sa tête. C'était un feu follet dont la flamme trompeuse l'avait attiré dans le marécage.

Plus il se débattait dans la vase, plus il s'enfonçait. De partout avaient surgi des lumerettes qui venaient accomplir autour du malheureux une danse frénétique. Au moment où il se senti disparaître, minuit sonna à l'église des Mazures. Alors il lança un cri désespéré, mais la fange se referma sur sa victime, et tout redevint silencieux.

Depuis lors, chaque nuit, à l'heure où il s'est abîmé dans le marais, le Mochet quitte son lit bourbeux pour faire entendre le cri affreux qu'il poussa face à la mort. Cri de chouette disent les esprits forts !

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