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Le Cercle Médiéval en police de caractère adaptée


Légendes carlovingiennes

La famille de Charlemagne
et ses descendants

CHAPITRE XXVIII

Un duel au château d'Aix-la-Chapelle

Sous Louis le Débonnaire, le pays des Danois était encore païen. Le roi voulant faire porter à ses peuples le flambeau de l'Évangile choisit pour cette mission l'évêque Ebbon, auquel le pape Pascal donna des pouvoirs en conséquence.

Ebbon, d'une famille humble et pauvre, dût sa fortune à cette circonstance que sa mère fût choisie par Charlemagne pour être la nourrice du petit prince Louis. Celui-ci s'attacha à son frère de lait et, plus tard, le pourvut de riches bénéfices puis enfin lui donna l'évêché de Reims. Hélas ! ce fut ce prélat ingrat et ambitieux qui joua un si triste rôle lors de la déposition de Louis à l'assemblée de Compiègne. Sa vie, aurait bien dû se terminer après sa mission du Danemark, mission qui fut couronnée de succès.

Quoi qu'il en soit, après une de ces excursions chez les Danois, Ebbon ramena avec lui le roi du pays, Hérold, et ce fut l'occasion de belles fêtes à la cour de France. Le prince barbare put admirer la magnificence des palais, la splendeur des réjouissances royales chez les Franks.

Louis conduit son hôte au château d'Ingelheim, une des résidences favorites de Charlemagne et ensuite de son fils. « Là, dit une chronique, s'élève sur cent colonnes, un palais superbe. » Des promenades et des festins champêtres avaient lieu quelquefois dans un délicieux séjour près d'Ingelheim. » Non loin du palais est une île que le Rhin environne de ses eaux profondes, retraite tapissée d'une herbe toujours verte et que couvre une sombre forêt. « C'est là que Louis et sa cour, avec le roi Hérold, venaient se livrer à divers jeux et à de somptueux divertissements.

Louis le Débonnaire donna à Hérold, auprès d'Aix-la-Chapelle, le spectacle d'une de ces luttes militaires, si aimées de nos aïeux.

Ce duel a été mentionné par les chroniqueurs, grâce surtout sans doute, à l'originalité d'un seigneur Frank.

Auprès du palais d'Aix il y avait un lieu entouré de murailles de marbre, orné de terrasses gazonnées et plantées d'arbres. C'était bien là un véritable cirque, soit que Charlemagne ait pris et restauré un cirque antique ou un amphithéâtre romain, soit qu'il l'ait fait construire suivant le modèle des ouvrages anciens. La destination et la description de ce monument semblent donner raison à ceux qui veulent faire remonter l'existence des tournois jusqu'à ces temps reculés.

Les deux rois, la cour, les seigneurs sont là assis sur les terrasses. Les combattants n'attendent que le signal qui doit être donné par Louis. Alors s'avancent deux guerriers, de la nation des Goths, c'est Bero et Samilon. Leur taille est élevée ils montent des coursiers rapides, aux riches caparaçons. Après un brillant assaut dans lequel Bero, parait-il, fut vainqueur, on voit paraître un nouveau champion. C'est Gundold ; tous les regards se tournent curieusement de son côté, car il n'a pas renoncé à l'usage singulier où il est toujours en pareil cas, de se faire accompagner par un cercueil que deux de ses gens portent à côté de lui. Guerrier prévoyant, il tient, s'il est tué, à s'en retourner correctement couché dans sa bière. Mais, le cercueil sera inutile : Bero, le vainqueur est vaincu à son tour par Gundold, et les jeunes franks le voyant tomber, s'empressent autour de lui et l'arrachent à une mort certaine.

Alors, le terrible Gundold, sans plus s'émouvoir et d'un air superbe, fait un signe pour ordonner qu'on remporte son cercueil et qu'on le replace sous l'appentis où il attendra une nouvelle occasion de reparaître au grand jour. Gundold est rayonnant, il s'applaudit et admire l'heureuse chance qui lui sourit toujours sur l'arène des combats singuliers :

Miratur Gundolus enim, feretrumque remittit,
Absque onere, tectis venerat unde suun.

II est probable que le brave Gundold attachait une idée superstitieuse à son exhibition funèbre : ce cercueil avait été si souvent inutile qu'il était devenu pour Gundold son porte-bonheur.

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