Le Cercle Médiéval en police de caractère adaptée

Des femmes qui déclenchaient la peur

Les sorcières de la fin du Moyen-Âge.

Maléfices, envoûtements, sacrifices et autres ignominies terrorisèrent les consciences
à la fin du Moyen Âge. Perçons l'identité de ces jeteuses de sorts et leurs étranges
pratiques à l'aube de la grande chasse aux sorcières.

Créatures de la nuit, les sorcières et leurs homologues masculins sont généralement conçus les soirs d'orage ou de tempête, et le plus souvent au mois de février, un vendredi 13, une nuit de pleine lune ou lors d'une éclipse de soleil, d'une union infâme avec le démon ou d'un inceste. C'est ainsi que le commun peuple définissait souvent, bossus, boiteux, lépreux, filles-mères ou délaissées, vieilles femmes, rejetés volontiers de la communauté en raison de leur misère ou de leur laideur physique. Les femmes surtout, souffrirent de ces accusations, aussi bien les laiderons - dont l'aspect repoussant évoque leur noirceur d'âme -, que les ravissantes beautés, symboles de la Tentation et donc extrêmement dangereuses pour l'homme. En réalité, dans la conscience de l'homme médiéval, la femme, maudite depuis la faute originelle, se fait non seulement la complice du péché et de la luxure, mais également de la maladie. Tertullien (IIe-IIIe s.) n'a-t-il pas décrété : « Femme, tu es la porte du diable. C'est toi qui as touché à l'arbre de Satan et qui, la première, as violé la loi divine » ? De même, un calendrier médiéval anonyme assure que « luxure est la fosse du diable (...). Pour ce est bonne chose non escouter la femme, meilleure chose est non la regarder, et tresbonne chose est ne la point toucher »

La médecine médiévale elle-même perçoit généralement la femme comme une « machine » capable de produire mensuellement une certaine dose de poison, le sang menstruel, qui peut agir de manière néfaste sur la nature qui l'entoure. Chez la femme ménopausée, le poison qu'elle contient doit trouver une issue: par le biais du regard, elle empoisonnera les animaux et les petits enfants. Ces bases misogynes étant jetées, on comprend pourquoi des femmes un tant soit peu différentes ont été rapidement traitées de sorcières et persécutées avec autant de cruauté : une manière radicale, pour l'homme angoissé par ses pouvoirs, de réaliser le fantasme de la soumettre et de la réduire à néant.

Secrets de la guérison et de l'amour

Au Moyen Âge, la magie populaire, basée sur la tradition orale, était principalement pratiquée par les femmes du peuple, le plus souvent analphabètes. Leurs recettes se transmettaient de bouche à oreille, de mère en fille, et permettaient de soigner les maladies mais aussi de désenvoûter ou d'éloigner le mauvais œil. Ainsi, pour être garanti de la fièvre pendant un an, on préconisait de manger « à la cuiller un œuf pondu le jour du Vendredi Saint, à jeun, et surtout sans pain ni sel ». On utilisait aussi l'armoise pour contrer l'effet des sortilèges, mais il faut pour cela qu'elle ait trem­pé pendant trois jours dans 'urine d'une fille vierge de seize ans. Au-delà de ces conseils de bonne femme, la sorcière médiévale était aussi et surtout consultée pour concocter philtres et charmes destinés à gagner l'amour d'une personne récalcitrante ou encore à accroître ses performances sexuelles. Ainsi, les amantes délais­sées peuvent s'asseoir les fesses nues dans la farine en s'y frottant consciencieusement le sexe : elles en feront ensuite un pain qu'el­les donneront à manger à leur amant en vue d'aiguiser son appétit vénérien. Les sorcières qui pratiquaient cette magie bénéfique, tant savante que populaire, étaient néanmoins accusées de jeter des sorts. En effet, si elles connaissaient les secrets de la guérison, de la protection et de l'amour, elles devaient également connaître les secrets pour nuire. Au début du XVe siècle, le dominicain Jean Nider recensa sept manières d'exercer le maléfice : en créant des sentiments d'adultère chez l'homme ou chez la femme, en inspirant des sentiments de haine envers autrui, en rendant les gens malades et en entraînant leur mort, en ôtant l'usage de la raison et en cherchant les occasions de nuire d'une façon ou d'une autre à l'individu ou à ses biens.

Recettes magiques

Lorsque les démons se font les collaborateurs des sorcières, constate Origène, « c'est par le fait de leur puissance que sévit la famine, que régnent les chaleurs mortelles, que les arbres et la vigne sont frappés de stérilité et que survient cette corruption pestilentielle de l'air qui détruit les fruits de la terre et frappe de mort les hommes et les animaux ». Pour préparer sortilèges et envoûtements, la sorcière devait s'entourer d'accessoires, de plantes et d'animaux bien spécifiques. Le chaudron sert à la prépara­tion des potions. Il trouve son origine dans les mythologies celtes et nordiques, où il revêt déjà un caractère magique, mais procure l'abondance, l'immortalité ou encore la sagesse. Elle y mélange toutes sortes d'ingrédients peu ragoûtants (rognures d'ongles, sang, dents, poils pubiens, etc.), mais aussi herbes et plantes, dont les pouvoirs sont soit curatifs, soit toxiques. Ainsi les baies rouges de l'if apportent la mort, comme les fleurs bleues de l'aconit. La ciguë est un poison mortel, mais à faible dose, elle est utilisée pour rendre un homme impuissant. Quant à la mandragore, cette sorte de tubercule anthropomorphe censée abriter un génie, elle permet à celle qui en absorbe de voler dans les airs. Les animaux familiers de la sorcière, qu'elle utilise d'ailleurs également dans ses décoctions, sont le chat noir, le corbeau, le crapaud, le hibou (aussi symbole de la voyance), mais également la vipère, l'araignée, le rat et la chauve-souris, toutes ces bêtes suscitant d'ailleurs la peur et la répulsion chez ceux qui les croisent. Mais la sorcière a également le pouvoir, légué par le diable qu'elle sert aveuglément, de se métamorphoser en animal, le plus horrible possible, mais surtout en lièvre, dont l'agilité lui permet d'échapper à ses pour­suivants et dont les longues oreilles lui sont une aide précieuse pour épier et écouter les rumeurs.

Envoûtements et sortilèges

La principale arme des sorcières est la poupée d'envoûtement, ou « dagyde », petite figurine de cire (parfois aussi d'argile) censée représenter la personne à envoûter. La sorcière «charge» la poupée de 'énergie vitale de la victime en y associant un bout de son vêtement, des cheveux, des ongles, du sang, de la salive ou du sperme, puis elle l'attaque en la perçant d'aiguilles ou de clous tout en proférant contre elle des imprécations maléfiques. Par ce moyen redoutablement efficace - encore en usage de nos jours ! - la sorcière parvient à attirer le maléfice sur la personne représentée par la figurine. Le mauvais œil, quant à lui, acquis de naissance, n'impliquait pas l'intervention de la puissance diabolique et n'entraînait donc pas de conséquences graves. Il pouvait néanmoins gâter un fruit, faire tourner le lait, et susciter les fièvres chez les personnes chétives. Au regard méchant de la sorcière faisaient pendant les maléfices « par attouchement». Ils s'opéraient directement ou grâce à l'intermédiaire d'une baguette magique: on pouvait, par exemple, se venger d'une personne en la frappant de la main ou d'un bâton, tout en invoquant le nom du démon approprié. La victime était alors frappée de paralysie.

Nos sorcières vivaient avec les morts

Acharné à la perte du genre humain, Satan se plaisait par-dessus tout à rendre les femmes stériles et les hommes impuissants pour réduire l'espèce qui lui déplaisait tant. L'organe masculin était perçu comme particulièrement vulnérable aux sorts diaboliques perpétrés par la sorcière, cause première de la stérilité des hommes : on se trouvait donc, dans certains cas, ligaturés, ce qui revenait à empêcher l'érection, la fécondation, la mise au monde de nouveaux chrétiens, dans d'autres, persuadés que le membre s'était complètement séparé du corps. Par amour de l'art, des sorcières fétichistes passaient même pour collectionner les membres virils de leurs victimes dans des boîtes ou dans des nids d'oiseaux, où ils bougeaient comme des organes vivants et mangeaient de l'avoine et du blé! Aucune pratique lugubre ou repoussante ne détourne donc les sorcières de leurs fins. Elles sont même capables d'opérer des envoûtements posthumes ou de créer, chez un mort, l'illusion d'un mouvement. Les sorcières antiques déjà, comme Médée et la sorcière d'Endor (I. Rois, 28) firent parler les disparus et leur offrirent, à l'occasion, des sacrifices sanglants. Elles obtinrent, de cette manière, la connaissance d'un avenir relativement proche. À ces révélations, on a donné le nom de « nécromancie », qui, en réalité, recouvre une foule de coutumes macabres et sadiques : car nos sorcières vivaient avec les morts, les interrogeaient, les dépouillaient pour les ressusciter, les dévo­raient même partiellement afin d'acquérir leurs qualités ! Pour se protéger de ces menaces maléfiques, le peuple terrifié disposait de toutes sortes de « préservatifs », les uns dérivés des traditions populaires, les autres de la religion chrétienne : on trouve, parmi eux, le clouage au-dessus des portes de chauves-souris ou de fers à cheval, le port de bijoux de pierres (semi-)précieuses aptes à repousser les tentations diaboliques, la récitation de l'Évangile selon saint Jean ayant pouvoir sur les orages et les revenants, etc.

Balai de sorcière et cheval de Satan

Le fameux balai, que la sorcière enfourche pour voler dans les airs et se rendre au sabbat, est, paraît-il, fabriqué avec du bois de genêt. Elle le chevauche en s'écriant: «Bâton blanc, bâton noir, mène-nous là où tu dois de par le diable.» En fait, ce qui donne à la sorcière la faculté de voler dans les airs est moins le balai que l'onguent ou la pommade magique dont elle enduit entièrement son corps dévêtu. Apulée, dans son Ane d'Or, atteste déjà cet usage au IIe siècle. Selon les grimoires de magie noire, cet onguent est composé d'un mélange d'aconit, de jusquiame, de belladone, de mandragore, de ciguë et de nénuphar, le tout malaxé dans de la graisse d'enfants morts sans baptême. En réalité, l'onguent en question renfermait certainement un narcotique puissant qui, à défaut de donner des ailes, plongeait la sorcière dans une transe hystérique peuplée de visions lui laissant croire qu'elle se rendait au sabbat. Mais la sorcière connaît aussi d'autres moyens de transport. Au début du XIe siècle, Jean de Malmsbury rapporte la façon dont une sorcière est emportée sur le cheval de Satan, garni de piquants de fer. Parfois, selon la tradition populaire, elles utilisent des claies, des clôtures ou bien une quenouille, un râteau, une pelle ou encore une fourche. Enfin, elles peuvent rejoindre le sabbat sur le dos d'un bouc, d'un démon envoyé expressément par Satan lui-même, ou encore «en pensée», en mâchant une certaine drogue.

Préparatifs du sabbat

Le sabbat a sans doute existé historiquement, sous forme de fêtes païennes traditionnelles, qui s'accompagnaient de libations, de danses et d'orgies sexuelles : il s'agissait là de très anciennes coutumes destinées à stimuler la fertilité de la nature, mais l'Inqui­sition les a volontiers reprises et transformées en pratiques dia­boliques pour servir sa cause. Selon elle, l'assemblée satanique se tenait un peu partout - sous réserve d'endroits privilégiés. Ceux-là même où les païens auraient autrefois fêté les mystères de leurs dieux. Mais certains lieux sont néanmoins tout désignés : le mont Broken en Allemagne ou encore le Puy de Dôme en Auvergne, jadis consacré à Mercure. Certaines dates sont également propices : le 2 février, jour néfaste par excellence, la nuit de Walpurgis (veille du 1er mai) et le 31 octobre (veille de la Toussaint et fête celtique de Samhain lors de laquelle on entrait en contact avec les défunts). Outre ces dates de grands rassemblements, le sabbat pouvait se tenir n'importe quelle nuit, excepté le dimanche. Le diable prenait soin, deux jours avant la réunion, de rappeler ses fidèles à leurs devoirs : il passait dans les maisons, empruntant la forme d'un chat noir ou d'un crapaud et fixait à chacun l'heure et l'endroit de la réunion afin qu'il n'y eût pas d'absences. C'est à minuit qu'on se mettait en route, mais le voyage comportait des imprévus et même des dangers : en 1212, Gervais de Tilbury rapporte qu'une sorcière volante imprudente plongea dans le Rhône. Le diable, pourtant, manquait rarement de prévoyance : lorsqu'une épouse se rendait secrètement au sabbat et que son conjoint se réveillait la nuit ou ressentait des ardeurs charnelles, il lui envoyait un succube (démon femelle) pour le satisfaire en le trompant à son insu.

Renier le Christ et honorer le démon

Les grandes assemblées de sorcières jouissaient de la venue de Satan en personne. Dans les autres, il déléguait le pouvoir de représentation à un démon de sa suite ou à quelque dévot très sûr. Les apparences du diable évoluaient fréquemment : certaines sorcières prétendirent qu'il sortait d'une cruche sous la forme d'un bouc, d'autres aperçurent un grand tronc d'arbre noir ou encore un homme de très haute taille au visage rouge comme un feu sortant de la fournaise. Les témoignages insistent surtout sur son étonnante pilosité, qui rappelle celle des satyres antiques (assimilés au Moyen Âge aux démons) et sa voix inhumaine, rauque ou stridente, lui permettant de mieux couvrir ses mensonges. Après l'atterrissage au lieu-dit, la cérémonie pouvait débuter à la lueur de torches résineuses placées dans les bouquets d'arbres ou de bougies fichées dans le derrière des sorcières. À peine assis sur son trône, le diable invitait à sa droite la reine du sabbat, la plus jeune ou la plus belle fille de l'assemblée, tenue d'offrir sa virginité au maître, et à sa gauche, une sorcière experte en maléfices et dans l'art de manier les poisons. La procession des fidèles se dirigeait alors lentement vers eux et le diable leur réclamait la remise d'un présent en nature ou en argent, non marqué de symboles chrétiens. Le cadeau le plus fréquent consistait en chandelles noires et nombrils de petits enfants, qui fournissaient une lumière bleuâtre après qu'on les eût allumées à la source, entre les cornes du diable. Mais il fallait aussi aux sorcières renier le Christ et honorer le démon en embrassant son derrière ou encore son membre viril. En guise d'acquiescement et d'investiture, le démon imprimait alors la marque de sa griffe sur le corps de ses adeptes et exigeait un compte-rendu de toutes les mauvaises actions accomplies depuis le sabbat précédent. Il demandait ensuite aux futurs fidèles de renier la religion chrétienne en crachant sur le crucifix et en foulant par trois fois la croix tracée sur le sol. On procédait alors à un nouveau baptême qui effacerait les exorcismes du baptême chrétien et attribuerait aux néophytes un nouveau nom signifiant qu'ils faisaient partie d'une société secrète. L'officiant s'emparait ensuite du Livre des Blasphèmes, contenant les plus horribles malédictions contre les sacrements et cérémonies de l'Église catholique, pour l'échanger contre une Bible, lors du semblant de messe qui devait suivre. Le signe de la croix y était tourné en dérision : il se faisait à 'envers pendant qu'on récitait prières et litanies en l'honneur du démon. Enfin, l'Eucharistie était donnée à des crapauds qui, réduits en poussière, servaient à confectionner les poudres maléfiques.

Les contemporains firent preuve d'une imagination débordante

Mais le peuple, saturé d'interdits et de rituels, exigeait du sabbat autre chose qu'une parodie de la messe et venait surtout y défou­er ses instincts nutritifs et sexuels. Les serfs affamés devaient chercher d'abondantes compensations aux festins du sabbat, bien qu'on raconte que le plantureux banquet est un sortilège de plus : si l'on veut porter la main sur les mets, on ne rencontre que du vent ou bien de la nourriture fade et pourrie, « crapauds, chairs de pendus, charognes que l'on désensevelit et arrache des cimetières ». Le tout sans sel, le diable en ayant horreur, car il est utilisé dans l'exorcisme baptismal catholique et symbolise le Père. Les enfants, en particulier, sont la proie des sorcières : « Nous les tuons grâce à nos charmes [•••] de manière telle qu'on estime qu'ils sont décédés de mort naturelle. Ensuite nous les arrachons secrètement à leurs tombes, et les faisons cuire dans un chaudron pour former un potage facile à avaler. [• • •] quiconque boit de ce liquide, au cours des cérémonies appropriées acquiert immédia­tement un grand savoir et devient un chef dans notre secte. » (Malleus maleficarum, part. Il, quest. I, chap. 2). Quant au foie des malheureux enfants, il procurait, paraît-il, « le silence et la taciturnité », c'est-à-dire qu'il permettait de résister victorieusement à la torture sans rien rêvéler. Après une danse frénétique succédant au sabbat, chacun était alors plus enclin à s'abandonner à des amours bizarres et défendues : le diable les exhortait à pratiquer le viol, l'inceste et la sodomie en les aspergeant de son urine, en guise d'eau bénite. Car la signature du pacte, l'imposition de la marque ne pouvaient lui suffire : non content de maculer l'âme, il lui fallait encore souiller le corps des impétrants. Il faisait aussi participer ses démons aux débats érotiques, comme partenaires féminins (succubes) ou comme partenaires masculins (incubes). Selon de nombreux témoignages de sorcières condamnées, le sexe des démons ne procurait cependant aucun plaisir, tout comme leur sperme était jugé glacial et donc inapte à engendrer. Mais par la volonté de Satan, certains rejetons naissaient néanmoins de ces accouplements monstrueux, que l'on sacrifiait bien souvent sur la table des sabbats. Ainsi initiées et rendues complices de Satan, les sorcières se voyaient offrir des pouvoirs maléfiques leur permettant d'oeuvrer en faveur de leur maître. Elles savaient déclencher les pluies torrentielles qui noyaient les cultures, la foudre qui abattait les maisons et les arbres, la grêle qui fauchait les blés verts et les vergers. Elles jetaient des sorts, ren­daient les bêtes stériles, les hommes impuissants et les femmes infécondes. Elles provoquaient des accidents inexpliqués. À l'aide d'une poudre confectionnée à partir d'ossements humains, elles empoisonnaient les puits ou répandaient la peste au moyen d'une graisse dont elles enduisaient les murs et les poignées de porte. Dans l'horreur, les contemporains firent preuve d'une imagination débordante : les sorcières se transformaient même en chats pour monter dans les berceaux crever les yeux des bébés, ou en loups-garous pour courir la campagne et dévorer les voyageurs ! Enfin, leurs fonctions sensorielles étaient suspendues, ce qui les rendait insensibles à la douleur ou incapables de verser des larmes lors des tortures judiciaires.

Trois siècles de folie meurtrière

L'homme de la fin du Moyen Âge, particulièrement terrorisé par les famines, les épidémies et l'angoisse de la fin du monde, se voit également hanté plus que jamais, puisque extrêmement fragilisé, par les superstitions et par sa propre imagination. C'est donc tout naturellement que la sorcellerie s'impose à lui, en tant que représentation différente, inversée et inquiétante du monde, servant d'exutoire à tout un imaginaire fantastique que l'homme projetait jusque-là surtout dans les contrées lointaines et inconnues. Le Mal, désormais, naît à proximité immédiate, s'éparpille et se multiplie pour former une véritable armée diabolique agissant secrètement, bien décidée à venir à bout du genre humain, puis­qu'elle peut contrôler les éléments, la vie et la mort. Ces créatures contre-nature, servantes du diable, dont la persécution effrénée ne fait que raviver la psychose, ne sont souvent rien moins que des malheureuses choisies pour rendre compte des fléaux s'abattant sur le monde. Mais il faudra trois siècles de folie meurtrière pour que l'homme atteigne cette conclusion.




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