Le Cercle Médiéval en police de caractère adaptée

Les légendes d'Ourthe-Amblève

Histoire des quatre fils Aymon

très nobles et très vaillants chevaliers

Au lecteur

Sur la rive droite de l’Amblève, en aval d'AYWAILLE, dominant le lieu-dit Raborive et près du hameau d'Amblève, se dressent à pic, au sommet d'une haute crête de calcaire lamellé, les murailles déchiquetées d'un château féodal.

Ce sont les ruines du CHATEAU D'AMBLEVE. Les historiens situent son origine à l'époque des Francs. D'abord Maison Royale, il s'appela ensuite NEUFCHASTEL (ou NEUFCHATEAU)-sur-AMBLEVE. C'est à partir de là que le duc AYMON, originaire de Saxe, frère du duc de BEUVES D'AIGREMONT, l'un des pairs de CHARLEMAGNE et connu sous le nom de « Prince des ARDENNES », va entrer dans l'Histoire.

Il reçut, pour sa part, lors de son mariage, le domaine de NEUFCHATEAU-sur-AMBLEVE, et c'est là que naquirent ses quatre fils REGNAUT (Renaud), GUICHARD, ALARD et RICHARD. C'est là aussi que, fuyant devant les troupes de Charlemagne, les quatre frères vinrent un moment se réfugier auprès de leur mère, avant de se retrancher avec leurs hommes dans la fortification de MONTFORT (sur les hauteurs de POULSEUR). C'est depuis les exploits de ces quatre chevaliers que le château d'Amblève fut appelé, dans la région, CHATEAU DES QUATRE FILS AYMON, comme tant d'autres d'ailleurs, en Europe occidentale (en France et en Aquitaine notamment) où les quatre guerriers séjournèrent au cours de leur vie tumultueuse. On peut cependant, sans crainte de chauvinisme exagéré, accorder une valeur locale à cette « HISTOIRE DES QUATRE FILS AYMON ».

Rappelons, à ce propos, ce qu'en a écrit, au siècle dernier, Fd HENAUX qui a bien constaté que lorsqu'on étudie l'histoire du temps des Francs : «... on est conduit à admettre que les principaux personnages figurant dans les périlleuses aventures des quatre fils AYMON, étaient originaires du pays de LIEGE, ou y avaient leur résidence habituelle. »

Que signifie cette histoire des faits d'armes qui, dans la seconde moitié du VIIIme siècle, peuplèrent la vie des quatre fils Aymon ?

Monsieur FOUSS, fondateur du Musée Gaumais de Virton, éminent régionaliste de la GAUME, a bien défini le sens de la révolte des quatre chevaliers contre le roi Charlemagne, dans le texte qui figure sur la plaque commémorative célébrant les quatre fils Aymon, dans le parc archéologique du site légendaire de Montauban-sous-BUZENOL. «... Les quatre frères étaient sympathiques aux milieux aristocratiques comme aux gens du peuple. Ils symbolisent le courage malheureux, le destin tragique du héros traqué, de l'homme foncièrement juste et bon dont la fatalité a fait un meurtrier malgré lui... » Et M. Fouss les considère comme des héros pitoyables, victimes de l'autoritarisme du vindicatif Charlemagne. D'autres sources historiques signalent que Charlemagne assiégea le château de « Montessor » où s'étaient retranchés les quatre fils Aymon et situent ce château au confluent de la Semoy (Semois) et de la Meuse, non loin de Monthermé. Directement au nord-est de cet endroit s'étend une région boisée appelée encore de nos jours « Château Regnault. »

Dès l'époque où ils se distinguèrent, les quatre fils Aymon devinrent des personnages que la poésie célébra, et leur nom est demeuré dans les souvenirs et dans l'imagination du peuple. Leur renommée fut très grande et leur histoire très connue au Moyen Age. Aux époques littéraires encore très informes de la France, pendant sa gestation intellectuelle, on voit les bardes, les ménestrels, les trouvères et les troubadours promener de cour en cour, de château en château, cette littérature encore sans nom qui raconte les traditions, les légendes, les hauts faits héroïques, le tout modifié et augmenté de génération en génération. Ce fut le sort de l'histoire des quatre fils Aymon.

A la fin du XIIIme siècle, le poète français Huon de Villeneuve leur a consacré un poème très curieux pour l'histoire de la langue française. Des conteurs aussi transformèrent en prose les poésies de leur époque et il n'est pas un roman de chevalerie où le nom de ces quatre chevaliers ne se trouve mêlé à quelque aventure héroïque. Et pendant toute la période féodale, le récit des faits que l'on peut accepter comme vraisemblables, se peupla d'exagérations, d'affabulations, d'amplifications extravagantes que devaient naturellement lui imprimer les idées superstitieuses de ce temps où la croyance à la magie était courante.

Au XVIIIme siècle a paru à Lille, à l'imprimerie Veuve Pillot, une « HISTOIRE DES QUATRE FILS AYMON », rédigée selon les vieux exemplaires les plus sérieux. C'est à ce récit que se réfère la présente édition qui a voulu respecter la relation des faits, telle qu'elle a pu intéresser ceux qui, dans les châteaux-forts, écoutèrent les troubadours et les conteurs d'autrefois.




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