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Le Cercle Médiéval en police de caractère adaptée

Les légendes d'Ourthe-Amblève

Les quatre fils Aymon

Chapitre XV

COMMENT, APRES LA DEFAITE DES FRANÇAIS PAR MAUGIS, LE ROI YON FUT PRIS PAR ROLAND, ETANT EN HABIT DE MOINE.

Après que Regnaut et ses frères eurent détruit les Français, ils retournèrent vers le rocher de Montbron, où ils avaient laissé leur frère Richard, et le voyant ainsi blessé, ils dirent :
— Hélas ! nous avons perdu notre frère Richard, le plus vaillant d'entre nous.

Ils formaient des regrets sur la perte d'un si bon frère. Maugis arriva et leur dit :
— Si vous voulez me promettre devant tous vos barons de venir avec moi à la tente de Charlemagne et m'aider à venger la mort de mon père, je vous promets de guérir Richard.

Regnaut lui dit :
— Cousin, rendez-moi, je vous prie, mon frère sain et sauf et s'il y a quelque chose que je puisse faire, commandez-moi et je le ferai de bon cœur, Vous savez que je n'ai jamais agi contre votre volonté. Je ferai tout pour vous.
— Richard sera bientôt guéri, dit Maugis.

Alors il descendit de cheval et prit une bouteille de vin blanc, lava la plaie de Richard et ôta le sang qui était autour, puis prit ses boyaux, les remit et cousut la plaie sans lui faire aucun mal. Alors il prit un onguent dont il oignit la plaie, et aussitôt Richard se sentit sain et sauf. Il lui donna ensuite un breuvage. Richard se leva et demanda où étaient allés Oger et ses gens, et s'ils étaient partis.
— Frère, dit Regnaut, nous les avons tous détruits ; grâce à Maugis qui est venu nous secourir, autrement nous aurions été tous pris.
— Frère, dit Richard, nous lui devons bien des obligations.

Allard dit à Maugis :
— J'ai une plaie à la cuisse. Guérissez-moi, je vous prie. Guichard lui demanda aussi une guérison.
— Je vous guérirai tous, leur dit Maugis.

Il prit du vin blanc et lava leurs plaies, puis les oignit, et ils furent aussitôt guéris. Ils firent monter Richard à cheval et se mirent en chemin pour retourner à Montauban. Ils envoyèrent un espion de Regnaut vers le roi Yon, à qui il dit :
— Sire, sachez que Regnaut et ses frères sont échappés des plaines de Vaucouleurs où vous les avez envoyés. Ils ont vaincu Oger le Danois et tous les gens de l'empereur. Ils ont tué Foulques, le comte Guichard et grand nombre d'autres chevaliers.

Quand le roi l'entendit, il fut bien surpris, et dit :
— Quelles mauvaises nouvelles ! Ils n'ont donc pas trouvé l'embuscade du roi ?
— Ils l'ont trouvée, répondit le messager. Ils auraient été pris si Maugis ne les eut secourus. Il a vaincu Oger et tous ses gens.
— Hélas ! malheureux que je suis, que ferai-je ? Si j'attends Regnaut je suis mort, car personne ne me défendra contre lui. Judas ne fut pas plus traître que moi. Partons de ces lieux, et si nous pouvons gagner la forêt, nous serons sauvés. Nous logerons à l'abbaye de saint Ladre, où je prendrai l'habit de moine, et je sais qu'on ne me fera point de mal.

Il y avait un espion nommé Pignaut qui avait sept pieds de hauteur et marchait plus vite qu'un cheval. Il avait entendu ce que le roi Yon avait dit. Il partit aussitôt vers le bois de la Serpente. En peu de temps, il fut auprès de Regnaut qui retournait avec ses frères et Maugis à Montauban. Ils emmenaient beaucoup de prisonniers avec eux. Ce fut là que Pignaut remarqua tout et alla ensuite à la terre de Roland, auquel il dit :
— Messire, je vous apporte de bonnes nouvelles.
— Ami, lui dit Roland, soyez le bienvenu. Quelles bonnes nouvelles ?
— Messire, dit Pignaut, sachez que le roi Yon s'enfuit tout désarmé avec ses gens. Ils n'emmènent que leurs chevaux et vont dans le bois de la Serpente dans un couvent appelé Saint-Ladre, où le roi va se rendre moine.
— Par ma foi, dit Roland, j'irai les attaquer avec quatre mille combattants et je me vengerai de Regnaut et les ferai tous pendre.
— Messire, dit Pignaut, j'ai trouvé les quatre fils Aymon au gué de Balençon. Ils emmenaient plusieurs de vos gens prisonniers.
— Ami, lui dit Roland, vous méritez récompense pour ces renseignements. Olivier lui dit :
— Montons présentement à cheval, menons avec nous Guidelon et Richard de Normandie.

Il dit ensuite à Oger :
— Vous viendrez aussi avec nous et verrez la valeur de Regnaut. Nous ne mènerons que quatre mille chevaliers. Regnaut en a autant de son côté, ainsi nous pourrons combattre sans aucun risque.
— J'irai avec vous, dit Oger, pour voir si vous le prendrez, et quand vous l'aurez, je vous prêterai une corde si vous en avez besoin.

Quand ils furent prêts, le grand Pignaut les conduisit au gué de Balençon et ils allèrent au monastère de saint La­dre, et sitôt qu'ils y furent, l'abbé alla au devant d'eux en chantant le « Te Deum » et dit ensuite à Roland :
— Messire, soyez le bienvenu. Vous plaît-il de souper avec nous ?
— Seigneurs, nous vous remercions de bon cœur. Sachez que nous cherchons le plus traître du monde, c'est le roi Yon qui est ici. Je veux le faire pendre comme un larron.

L'abbé lui répondit : — Vous ne le ferez pas, s'il vous plaît, car il a pris notre habit, aussi, nous le défendrons.

Roland se saisit de l'abbé et Olivier du prieur et les jetèrent si fort contre un pilier, qu'ils leur brisèrent la tête. Alors Roland dit à l'abbé :
— Rendez-moi ce roi qui est frère de Judas, car il ne commettra plus de trahison.

L'abbé et les moines entendant cela s'enfuirent. Roland les voyant fuir, mit l'épée à la main et entra dans le cloître, où il trouva le roi Yon à genoux devant une image de Notre-Dame, à qui il dit :
— Il faut venir avec moi auprès de Charlemagne. Où sont les quatre fils Aymon que vous deviez rendre ? Vous serez payé de la trahison que vous avez commise. Et moi-même je vengerai Regnaut et ses frères.

Il le fit mettre à reculons sur un cheval et lui fit bander les yeux. Le roi Yon appela un de ses barons et lui dit :
— Allez à Montauban dire à Regnaut de venir me secourir et qu'il veuille bien oublier ma méchanceté.
— Sire, je voudrais bien que vous m'exemptiez de ce message, car je ne le ferai pas, à cause de la trahison que vous leur avez faite.
— Regnaut pardonnera, dit le roi.

Alors le chevalier partit pour aller vers Regnaut. Oger se mit à dire :
— Dieu ! serait-il possible que Roland pût rencontrer Regnaut qu'il désire tant trouver, pour voir s'il le prendrait comme il dit.




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