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Le Cercle Médiéval en police de caractère adaptée

Les légendes d'Ourthe-Amblève

Les quatre fils Aymon

Chapitre XVII

COMMENT ROLAND FUT ABATTU D'UN COUP DE LANCE QUE LUI DONNA REGNAUT, ET DU COMBAT QUI SE FIT ENTRE EUX.

Roland se voyant renversé en fut mécontent. Il se releva et mit l'épée à la main et vint contre son cheval Mellanie pour lui couper la tête et dit :
— Mauvais roussin, peu s'en faut que je ne te tue d'être tombé sous les coups d'un Gascon. Jamais je n'aurai confiance en toi.

Roland dit à Regnaut :
— Vous avez tort, car il y a beaucoup de temps que votre cheval n'a mangé, ainsi il ne peut travailler. Mais Bayard a bien mangé cette nuit, conséquemment il est plus fort que le vôtre.

Alors il descendit de son cheval, parce que Roland était à pied.

Quand Bayard vit que son maître était à terre, il courut sur le cheval de Roland, et le frappa des pieds de derrière si rudement, que peu s'en fallut qu'il ne lui cassât la cuisse. Roland courut contre Bayard pour lui couper la tête. Mais Regnaut lui dit :
— Que voulez-vous faire ? C'est contre moi qu'il faut combattre, je suis prêt à vous rendre raison.

Roland dit à Regnaut :
— Ne menacez pas tant, car sous peu vous verrez quelque chose qui ne vous plaira pas beaucoup.

Regnaut irrité de ses menaces, courut contre Roland, et lui donna un si grand coup sur le casque, qu'il le brisa.

Regnaut dit alors à Roland en plaisantant :
— Que dites-vous de mon épée ? Coupe-t-elle bien ? Prenez garde à vous et ne me traitez pas davantage de Gascon.

Roland se retira en arrière, de peur que Regnaut ne lui donnât un second coup. Il tira Durandal sa bonne épée, et d'un coup partagea l'écu de Regnaut. Il lui dit alors :
— Je viens de vous rendre ce que vous m'avez prêté : nous sommes égaux.
— Je ne reculerai pas, dit Regnaut, mais je combattrai de tout mon pouvoir.

Comme ils allaient recommencer, Maugis arriva et dit à Regnaut :
— Cessez, il serait dommage que l'un de vous périsse.

Oger et Olivier firent monter Roland à cheval. Oger était charmé de ce que Roland avait été renversé, et fut fâché de ce qu'il n'était point tué.

Roland se mit à crier :
— Regnaut, où êtes-vous ? Achevons notre combat, car on ne peut pas juger lequel de nous deux est le meilleur chevalier.
— Vous avez du courage, lui répondit Regnaut, mais si nous combattons ici, nos gens ne le voudront pas souffrir. Il vaudrait mieux faire ce que je vais vous dire. Vous êtes bien monté et moi aussi, passons la rivière, allons au bois de la Serpente et là nous pourrons nous battre sans aucun empêchement.
— Je le veux bien, lui répondit Roland.

Alors ils piquèrent leurs chevaux pour aller au bois. Mais Olivier s'en aperçut et arrêta Roland malgré lui. Regnaut se préparait à passer la rivière. Il aperçut quatre-vingts chevaliers qui amenaient le roi Yon. Alors il mit l'épée à la main, piqua Bayard et cria de toutes ses forces :
— Misérables ! Laissez ce roi, vous n'êtes pas dignes de le toucher.

Il en abattit un d'un coup d'épée et le laissa pour mort, et les autres prirent la fuite, disant entre eux :
— D'où sort cet homme ? Périsse celui qui l'attendra.

Ils laissèrent le roi Yon et gagnèrent par le plus épais de la forêt. Regnaut s'approcha du roi Yon, lui débanda les yeux, le délia et lui dit :
— Ah ! Mauvais roi, comment avez-vous osé nous trahir ainsi ? Mes frères et moi nous ne vous avions fait aucun mal. Il n'a pas tenu à vous que nous fussions tous pendus. Vous méritez que je vous tranche la tête. Je vous jure que je m'en vengerai.

Quand le roi Yon vit que Regnaut l'avait délivré, il se jeta à ses pieds et lui dit :
— Noble chevalier, je sais que j'ai mérité la mort, car j'ai commis une cruelle trahison. Mais puisqu'il faut que je meure, tranchez-moi la tête. J'aime mieux que ce soit vous que tout autre. Le comte d'Anjou et le comte Antoine m'avaient conseillé cette noire action. Faites-moi périr. Un traître tel que moi ne doit pas vivre davantage.
— Montez à cheval, lui dit Regnaut, ensuite nous verrons ce que nous aurons à faire.

Nous parlerons dans le chapitre suivant des frères de Regnaut qui combattaient contre Roland et les gens de la campagne.




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