Accueil --> Liste des légendes --> Table des chapitres --> Chapitre 4.
Le Cercle Médiéval en police de caractère adaptée

Les légendes d'Ourthe-Amblève

Les quatre fils Aymon

Chapitre IV

COMMENT REGNAUT, APRES AVOIR DETRUIT LES GENS DE CHARLEMAGNE, FIT PENDRE LES DOUZE QUI ETAIENT RESTES, ET TIRER HERNIER A QUATRE CHEVAUX, BRULER ENSUITE SES MEMBRES ET JETER LES CENDRES AU VENT.

Le traître Hernier était en la mêlée du donjon. Regnaut avait fermé la porte et levé le pont, c'est pourquoi il ne craignait plus l'armée du roi. Il se mit dans la mêlée si vivement, qu'avec ses frères il ne resta que le traître Hernier et douze autres. Quand Regnaut vit qu'ils étaient tous détruits, il fit prendre le traître Hernier et lui fit lier chaque membre à la queue d'un cheval. On fit monter chaque cheval par un page. Ils le firent tirer à quatre chevaux ; ainsi il fut démembré. Après qu'il fut mort, Regnaut fit faire un grand feu, fit jeter les douze dedans et leurs cendres au vent.

Charlemagne eut bientôt appris que Regnaut avait détruit tous les gens de Hernier et l'avait fait tirer à quatre chevaux et fait pendre plusieurs de ses gens. Charlemagne dit en lui-même :
— Que je suis maltraité par ces quatre chevaliers ! J'ai bien mal fait quand je leur ai donné l'ordre de chevalerie ! On a bien raison de dire que l'on donne souvent des armes contre soi. Je suis désespéré. Leur oncle tue mon fils Lohier ; Regnaut, mon neveu Berthelot que j'aimais si chèrement, et ils viennent de faire pendre mes gens et ont fait mourir les autres. Je ne pourrai donc me venger de quatre simples chevaliers ? Mais je ne partirai point d'ici que je ne sois vengé ou je perdrai tout.
— Sire, dit Foulques de Morillon, vous avez raison ; cependant Regnaut ne vous craint point, car il n'eut point fait prendre vos gens en dépit de vous.
Le duc Naimes lui dit :
Sire Empereur, si vous m'eussiez écouté, vous n'eussiez pas perdu les meilleurs de vos gens ; mais vous avez voulu croire Hernier, et vous voyez ce qui vous est arrivé.

L'empereur, entendant ce que Naimes disait, reconnut la vérité et ne sut que répondre, mais il baissa la tête de honte.

Regnaut et ses frères montèrent sur les murs et regardèrent autour du château ; ils virent que la basse-cour où étaient tous les vivres et la garnison était en proie aux flammes. Regnaut dit alors à ses frères :
— Nous allons perdre nos vivres ; nous sommes heureux d'avoir sauvé notre vie. II est impossible que nous restions davantage ici.
— Frère, dit Allard, vous parlez sagement, nous suivrons votre avis ; nous ne vous quitterons jamais.

Quand les trois frères se furent accordés, ils préparèrent leurs meilleures affaires et attendirent jusqu'à la nuit. Quand tout fut préparé, ils montèrent à cheval et Regnaut leur dit :
— Seigneurs, combien sommes-nous ?
— Nous sommes, répondit Allard, environ cinq cents.
— C'est assez, dit Regnaut, mais que ferons-nous ? Tenons-nous toujours bien ensemble sans rien craindre. Nous gagnerons l'Allemagne et si les gens de Charlemagne nous attaquent, il faudra nous défendre courageusement et tâchons de l'emporter sur eux.

Quand il fut temps de monter à cheval, Regnaut monta sur Bayard et les autres chacun sur le leur. Ils firent ouvrir la porte et ils sortirent sans bruit. Quand ils furent sortis, Regnaut regarda longuement le château et dit :
— Adieu beau château, quel dommage de te voir ainsi détruit ! Il fut bâti il n'y a que quatre ans. Nous sommes forcés d'y laisser nos richesses.

Quand Allard vit Regnaut si triste, il lui dit :
— Frère, vous avez tort de vous attrister ainsi, vous qui êtes un des plus vaillants chevaliers que je connaisse. Consolez-vous, je vous jure au nom de tous les Saints qu'avant qu'il soit deux ans, vous aurez votre château qui en vaudra plus de quatre.
— Partons, car nous n'avons plus à faire ici, Frère, dit Regnaut. J'ai toujours trouvé de la prudence dans vos avis. Prenez l'avant-garde entre vous et Guichard ; Richard et moi serons derrière.
— Messire, dit Allard, qu'il soit fait comme il vous plaira.

Alors Allard et Guichard se mirent à la tête avec cent chevaliers. Ils mirent les charriots au milieu ; Regnaut et Richard venaient après avec le reste de leurs gens, mais les gens de Charlemagne les aperçurent. Quand le roi sut que Régnant se sauvait, il fut très irrité et fit crier aux armes. Alors l'armée se mit en mouvement. Quand Allard et Guichard qui allaient devant, virent qu'ils ne pouvaient passer sans combattre, ils piquèrent leurs chevaux contre Charlemagne. Regnaut prit avec lui vingt des plus vaillants chevaliers et leur dit :
— Prenez ces sommes et passez devant sans vous arrêtter ; j'irai aider mes frères.
— Messire, répondirent-ils, nous ferons vos commandements.

Regnaut piqua Bayard et courut dans la mêlée, où il montra toute sa fureur et fit trembler les gens de Charlemagne. Ceux de Regnaut passèrent au-delà de l'armée, et Charlemagne perdit plusieurs de ses gens dans cette journée. Quand Regnaut eut passé, il trouva ses sommiers et les chevaliers qui les conduisaient II en fut bien content, et dit à ses frères :
— Marchons !

Il suivait ses gens avec son frère Guichard. Charlemagne ayant appris que Regnaut s'en allait, fut bien heureux de ce qu'il avait laissé le château ; mais il le fit poursuivre par son armée. Regnaut fit marcher ses gens devant lui, et en donna la conduite à Allard et Guichard, à qui il dit :
— Si les gens du roi nous attaquent, défendons-nous.
— Nous ne manquerons pas de le faire, dit Allard.
Charlemagne s'avança suivi d'Oger le Danois, du duc Naimes de Bavière, de Foulques de Morillon et plusieurs autres. Charlemagne, qui était en colère, aperçut les quatre frères et leur cria :
— Avec l'aide de Dieu, vous périrez, malheureux que vous êtes ! C'est aujourd'hui que je vous ferai tous pendre.
— Sire, dit Regnaut, il n'en sera pas ainsi s'il plaît à Dieu ; car si Dieu me donne la force, nous nous défendrons courageusement.

Alors il vint comme un furieux pour frapper Charlemagne, mais il manqua son coup. Dames Hugues se mit entre Charlemagne et lui ; il eut le cœur percé du coup de lance que Regnaut voulait donner à Charlemagne, qui dit à ses gens :
— Seigneurs, saisissez-vous de ces malheureux ! S'ils nous échappent, je ne serai jamais content.

Regnaut revint sur ses gens et leur dit :
— Seigneurs, ne craignez rien tant que je serai en vie. Marchez hardiment et sans rien craindre.
Pendant treize lieues ils furent poursuivis par les gens de Charlemagne ; mais ils ne perdirent pas un seul homme, et ils vinrent jusqu'à une rivière. Le roi appela tous ses barons et dit :
— Seigneurs, laissons la poursuite ; ce serait folie de les suivre car nos chevaux sont très fatigués. Je crois que ce Regnaut a le diable à son commandement pour agir comme il le fait. Restons
auprès de cette rivière. — Sire, lui répondirent les barons, nous nous conformerons à vos ordres.

Alors on déchargea les sommiers et l'on dressa les tentes. Le roi fit ôter ses armes, et se prépara à manger, car de toute la journée il n'avait pu le faire.

Quand Regnaut fut éloigné de l'armée de Charlemagne, il trouva une belle fontaine bordée de verdure. Il trouva cet endroit fort délicieux et dit à ses frères :
— Voici un endroit propre à faire paître nos chevaux.
— Messire, dit Allard, vous avez raison.

Alors ils déchargèrent leurs sommiers et les firent paître, mais les chevaliers ne se trouvèrent pas à leur aise, car ils n'avaient rien à manger.

Jusqu'ici Charlemagne ne pouvait se flatter de s'être vengé des quatre fils Aymon. Il avait campé vers la rivière où il s'était lassé de poursuivre Regnaut. Le lendemain à la pointe du jour, Charlemagne dit au duc Naimes :
— Que ferons-nous ?
— Sire, dit Naimes, si vous voulez me croire, nous retournerons en France ; je crois qu'il est inutile d'aller plus avant, parce que le bois est épais et la rivière trop périlleuse.

Comme le roi et le duc de Naimes parlaient ensemble, ils virent venir plusieurs chevaliers, et dès qu'ils se furent approchés, le roi appela Bridelon, Régnier, Oger et leur dit :
— Seigneurs, je veux que vous retourniez à Paris avec moi.

Ils furent tous bien contents et dirent au roi :
— Sire, c'est le meilleur avis que vous puissiez suivre.

Charlemagne fit publier dans le camp que chacun pliât bagage pour s'en retourner.
— Sire, dirent les barons, nous sommes à vos ordres.

Chacun se mit en route. Le roi retourna à Paris et chacun dans son pays. Quand Charlemagne fut arrivé à Paris, il fit venir ses barons devant lui et leur dit :
— Seigneurs, mon pouvoir est de bien peu de valeur, puisque je n'ai pu me venger des quatre fils Aymon. Je pense qu'ils retourneront en leur pays ou en leur château. S'ils y retournent, nous irons les assiéger de nouveau.

— Sire, dit le duc Naimes, ils ne le feront pas ; ils sont dans la forêt des Ardennes, mais elle est très grande, aussi je pense qu'ils y mourront de faim.
— Cela pourrait bien être, dit Charlemagne. Que mille maux puissent leur arriver !

Alors, il se tourna vers Oger et lui dit :
— Prenez avec vous Gérard, Foulques et Dion de Mont-didier, puis vous donnerez le congé aux autres.
— Sire, dit Oger, vos ordres seront exécutés.

Les barons firent ce que le roi avait ordonné ; ils donnèrent congé à tous les chevaliers, qui retournèrent chacun dans leur pays. Comme le duc Aymon s'en retournait, il arriva vers la fontaine où ses fils se reposaient. Quand il les aperçut, il dit à ses gens :
— Seigneurs, conseillez-moi comment je dois agir contre mes enfants. Si je les attaque, leur perte est certaine et j'en serai fâché ; si je ne les attaque pas, je serai un parjure. Mais à Dieu ne plaise que je passe jamais pour un traître.
— Messire, dit Emofroid, si vous attaquez vos enfants, vous ne ferez point mal puisque vous l'avez promis au roi. Prenez garde d'être parjure.
— Vous parlez juste, répondit Aymon. Je ferai si bien que je ne serai point blâmé.

Alors il appela deux de ses chevaliers et leur dit :
— Allez vers Regnaut et ses frères et défiez-les de ma part.
— Messire, dirent les chevaliers, vous nous commandez une chose qui nous répugne ; mais puisque vous le voulez, nous le ferons.

Alors ils allèrent vers Regnaut qui fut bien fâché de voir des messagers de son père. Il dit à ses frères :
— Seigneurs, armons-nous ; sans cela nous serons bientôt vaincus. Car je connais toute la colère de mon père contre nous.
— Frère, dit Richard, vous avez raison.

Cependant les deux chevaliers arrivèrent auprès de Regnaut qui alla au devant d'eux et leur demanda :
— Seigneurs, qui êtes-vous et quel sujet vous amène ici?

Alors un des chevaliers lui dit :
— Nous venons vous défier de la part de votre père.
— Seigneurs, dit Regnaut, je m'en suis douté quand je vous ai aperçus venir. Retournez et dites à mon père de vouloir bien nous accorder trêve. Il ne serait pas naturel de voir un père qui combattrait ses propres enfants.
— Messire, dit le chevalier, préparez-vous toujours à vous défendre, car il vous attaquera.

Les chevaliers s'en retournèrent et dirent à Aymon qu'ils avaient fait leur message. Quand le vieil Aymon les eut entendus, il ne resta pas longtemps ; il piqua son cheval et courut vers ses enfants. Regnaut voyant venir son père au devant de lui, lui dit :
— Hélas ! mon père, que faites-vous ? Nous n'avons point de plus cruel ennemi que vous ; si vous ne voulez pas nous défendre, du moins ne nous faites point de mal.
— Malheureux ! dit Aymon, voulez-vous donc toujours demeurer dans les bois ? Vous ne valez pas un fétu. Pensez à vous défendre car si vous êtes pris, vous périrez dans les tourments.
— Père, dit Regnaut, vous avez tort. Je me défendrai donc puisqu'il le faut, je ne puis faire autrement.

Quand Aymon entendit cela, il se rua sur ses enfants la lance baissée, comme si c'eut été sur des étrangers. Regnaut cria à ses frères et leur dit :
— Seigneurs, pensons à nous défendre, le danger est pressant.

Il piqua Bayard et se mit dans la mêlée où il combattit avec tant de courage que les gens de son père en furent surpris. Le combat s'animait, mais Regnaut fut obligé d'abandonner, parce que son père avait plus de monde que lui.

Regnaut voyant que de cinq cents hommes il ne lui en restait plus que cinquante, dont plusieurs étaient blessés, et ayant bien perdu des siens, se sauva sur la montagne, toujours poursuivi par son père qui pensait bien se saisir de lui et de ses frères. Quand Regnaut se vit sur cette montagne, il dit à ses frères :
— Ne quittons pas ce lieu ; il est très propre pour nous défendre.

Il y eut une quantité de chevaliers tués. Le bon cheval d'Allard y périt. Son maître, le voyant mort, mit aussitôt l’épée à la main et se défendit vaillamment. Richard courut auprès de lui pour le secourir : Aymon et ses gens s'efforçaient de le prendre. Le combat devint encore plus terrible qu'auparavant et Allard aurait vite été pris si Regnaut ne l'eut secouru en se jetant dans la mêlée et renversant son père.
— Vous avez mal agi contre mon frère, lui dit-il.

Il retira Allard et le fit monter en croupe. Quand Bayard se sentit chargé de deux écuyers, il se tint la tête haute et se redressa tellement que Regnaut en fut surpris. Il combattit longtemps, ayant son frère en croupe puis se retira. Les quatre fils Aymon, excepté Regnaut, étaient harassés par la fatigue ; de temps en temps Regnaut retournait à ses ennemis. Quand il vit cependant que ses gens étaient bien éloignés, il piqua Bayard et vint les rejoindre car son cheval volait avec une vitesse incroyable.

Pendant que Regnaut s'en retournait, Emofroid qui était un des vaillants chevaliers de Charlemagne, vint monté sur un cheval dont le roi lui avait fait présent. Quand il fut près de Regnaut, il lui dit :
— Traître, vous allez périr ou être pris ; je vous remettrai entre les mains de Charlemagne.

Il donna un coup sur l'écu de Regnaut, et lui, comme un désespéré, le frappa si rudement, qu'il le renversa par terre mort à ses pieds. Il prit ensuite le cheval par la bride et dit à Allard :
— Mon frère, montez sur ce cheval ; je vous le donne.

Allard le remercia du beau présent que son frère lui avait fait. Alors il descendit de dessus Bayard et monta sur le cheval d'Emofroid, il le piqua et vint jouter contre un des chevaliers de son père, nommé Alfroi, si rudement qu'il le tua. La bataille recommença plus fort qu'auparavant, car à ce moment il y eut un des meilleurs chevaliers d'Aymon, qui s'écria :
— Seigneurs, vengeons la mort d'Emofroid, le preux chevalier que le roi m'avait donné !

Quand ses gens l'entendirent parler ainsi, ils se jetèrent comme des furieux sur Allard, lui firent abandonner la place, et si ce n'eût été une petite rivière, Regnaut et ses frères eussent eu beaucoup à faire. Si Regnaut eût eu seulement cinquante chevaliers au passage de la rivière, il eût détruit tous les gens de son père ; mais faute de gens, il fut obligé de quitter la place, et ne put sauver avec lui que quatorze chevaliers. Ce qui le chagrinait beaucoup, ce fut de voir que de cinq cents hommes, il lui en restait si peu. Ils auraient peut-être bien été pris, si ce n'eût été la rivière. Regnaut, voyant tant de gens péris dans cette affaire, ne put retenir ses larmes. L'histoire rapporte qu'Aymon, son père, pleurait aussi. Après avoir versé un torrent de larmes, il dit :
— Hélas ! mes enfants, que j'ai de la douleur d'avoir causé votre perte. Vous vivrez désormais errants et fugitifs et vous manquerez de tout et je ne pourrai vous secourir.

Après avoir donné un libre cours à ses larmes, il ordonna d'enterrer tous les morts et fit mettre Emofroid sur une litière. Il retourna chez lui où il ne coucha qu'une nuit. Le lendemain, il fit porter la litière par deux mulets et alla à Paris devant le roi, auquel il dit :
— Sire, comme je m'en retournais dans mon pays, j'ai trouvé mes enfants avec cinq cents chevaliers dans le bois des Ardennes. J'ai voulu les prendre prisonniers, mais je n'ai pu, car ils m'ont fait beaucoup de mal. Je les ai tous détruits, à la réserve de quatorze, qui se sont échappés avec eux mais avant que je les eusse tués, ils ont tué notre chevalier Emofroid, et nous les aurions pris si ce n'eût été la rivière.

Quand le roi entendit ces paroles, il fut si irrité qu'il devint furieux et dit à Aymon :
— Parbleu, votre excuse est bien mauvaise, car jamais corbeau ne mangea ses petits ; ce n'est point à moi à qui vous pourriez en imposer.

Quand Aymon entendit le roi lui parler avec tant de colère, il lui dit :
— Sire, sachez que ce que je vous dis est la pure vérité. Je suis prêt à l'affirmer à la face du ciel et des hommes.
— Aymon, dit le roi, je vous connais car s'il ne dépendait que de vous, vos fils seraient seigneurs de France.
— Sire, dit Aymon, si vous êtes irrité, je n'en suis point cause ; de plus, s'il se trouve un chevalier qui veuille soutenir ce que vous avancez, je lui prouverai qu'il est fourbe. Vous n'avez jamais aimé vos plus fidèles chevaliers, vous avez toujours préféré des flatteurs, et il n'en est jamais résulté que du mal.

Il remonta à cheval et retourna dans son pays sans prendre congé du roi ; peu s'en fallut qu'il ne lui remît son service. Il arriva en son château, où il trouva la duchesse qui vint au devant de lui et lui demanda comment il avait agi.

Le duc Aymon répondit qu'il avait bien mal agi car, dit-il :
— J'ai trouvé nos fils au bois des Ardennes. Je les ai attaqués cruellement pour tâcher de les prendre, ce que je n'ai pu faire. Au contraire, ils ont endommagé mes gens et en ont tué un grand nombre. Il est vrai que sans la valeur de Regnaut, j'aurais tué Allard, mais il le retira de la bataille et le fit monter en croupe sur Bayard. Ensuite, il fit un grand carnage si bien que personne n'osa aller à sa rencontre. Il a tué Emofroid, un chevalier du roi et il a même emmené son cheval malgré nous. Je suis retourné à Paris, j'ai raconté au roi ce qui s'était passé.

La duchesse l'interrompit en lui disant :
— Vous avez agi cruellement en leur ayant fait tant de maux, vous qui deviez les défendre, vous leur faites pis qu'aux autres. Ne sont-ils pas vos enfants ? Hélas ! Vous deviez avoir pour eux l'amitié d'un père. Bénie soit l'heure où ils sont nés. Je voudrais qu'ils vous eussent fait prisonnier, afin de leur faire rendre ce qu'ils ont perdu. Je suis bien aise de ce que le roi est irrité contre vous, car il ne saura faire de mal ni à vous ni à vos enfants.

Le duc Aymon dit :
— Dame, vous avez raison ; je vous promets dorénavant de ne plus leur faire aucun mal.




Aller au chapitre 5    Table des chapitres
Retour à la liste des légendes    Retour à la page d'accueil

CSS Valide ! [Valid RSS]

Site optimisé pour Firefox, résolution minimum 1024 x 768 px

Flux RSS : pour être au courant des derniers articles édités flux rss