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Le Cercle Médiéval en police de caractère adaptée


Légendes carlovingiennes

La famille de Charlemagne
et ses descendants

CHAPITRE XXIII

Joyeuse, la belle épée

Epée du sacre des rois de France, dite 'Joyeuse' ou 'épée de Charlemagne'

Epée du sacre des rois de France, dite "Joyeuse" ou "épée de Charlemagne" Différentes parties du Xème au XIXème siècles - Longeur 1,05 m. - Trésor de la Basilique de Saint-Denis, puis Musée du Louvre. Inv. n° MS 84

Et maintenant t'oublierai-je, ô noble et vaillante épée du héros?... n'as-tu pas droit à paraître ici ? n'es-tu pas de la famille ?... n'es-tu pas presque un être vivant et intelligent? n'étais-tu pas l'amie, la compagne fidèle du grand roi, soit que tu restasses suspendue à son flanc, dans ton fourreau brillant, soit que, dégainée, tu lançasses des éclairs, agitée par sa main ? Gloire à toi qui perças la poitrine de tant d'ennemis, qui te baignas dans tant de sang infidèle et qui pourfendis souvent cheval et cavalier! Nous n'essaierons pas de raconter tes exploits, l'univers les connaît, mais nous allons remonter à ta prodigieuse origine et nommer ton père, ce forgeron célèbre dont les surprenantes aventures et les malheurs ont fait comme un demi-dieu.

Sœur de Flamberge et de Haute-Clere nous allons, en remontant les âges, nous arrêter un moment devant ton brûlant berceau.

Quel nom fut plus fameux, dans les souvenirs européens, que celui du forgeron Volundr, appelé Weland chez les Anglo-Saxons, Wieland en Allemagne, où l'on montra longtemps sa forge, et Waland puis Galand chez nous, en France ?...

C'est loi le père de Joyeuse et de tant d'autres épées glorieuses... Ah! ces glaives historiques ont été trempés dans les larmes et dans le sang et, comme celui qui les a forgés, ils ont fait couler des larmes et du sang.

Écoutons les terribles aventures du père de Joyeuse.

C'était sous le règne du roi Nidur, en Suède, trois frères de race royale, trois Finnois, vinrent habiter la vallée du Loup. Un jour ils rencontrèrent trois Valkyries qui se baignaient dans le lac, ils les prirent pour épouses. Volundr, un des trois frères, eut pour femme celle qui se nommait Alvitra. Sept ans se passèrent paisibles et enchantés, mais les déesses se lassèrent de cette douce vie, elles reprirent leurs instincts guerriers, et abandonnant leurs époux, elles retournèrent aux champs de bataille. Volundr laissa ses frères courir après leurs terribles épouses et il se mit à forger l'or rouge, à confectionner des bijoux où s'enchâssaient les pierres précieuses. Il fit surtout une foule d'anneaux d'or pur et les suspendit, comme une guirlande, enfilés dans une corde d'écorce, espérant que la belle Alvitra reviendrait et s'en parerait.

Le roi Nidur, instruit de l'habileté du forgeron, s'en vin, avec ses soldats, il surprit Volundr endormi, le fit enchaîner et lui ravit son épée, ses ouvrages brillants et ses anneaux d'or, dont le plus beau fut destiné à sa fille la gracieuse Bodvilda. A l'instigation de la reine, on coupa les nerfs des jarrets au forgeron et on le relégua dans l'île de Sœvasted. Là il était comme esclave, car il travaillait à la forge pour son royal oppresseur.

Les deux jeunes princes fils du roi vinrent le voir un jour, et ils restèrent émerveillés à la vue de son coffre plein de joyaux d'or et d'argent.

« Venez demain me visiter de nouveau sans apprendre à personne votre démarche, leur dit Volundr, et je vous donnerai tout cela. »

Les deux princes vinrent le lendemain matin. Pendant qu'ils étaient baissés sur le coffre ouvert, le vindicatif Volundr les tua, enterra les cadavres sous sa forge, prit leurs têtes, et de leurs crânes il fit des coupes cerclées d'argent. Il envoya les coupes au roi Nidur. De leurs prunelles enchâssées dans l'or, il fit un ornement qu'il envoya à la reine, de leurs dents un collier rehaussé d'or qu’il fit offrir à Bodvilda.

Celle-ci, un jour, vint chez le forgeron pour faire réparer son anneau d'or ; Volundr l'épousa.
Je suis vengé !.... s'écria-t-il.
Puis il se fit des ailes et il alla voler au-dessus du palais. Le roi lui cria :
«Qu'a-t-on fait de mes fils ?

— Avant tout, jure-moi, répond Volundr, par le bord de ton vaisseau, parle cercle de ton bouclier, par l'épaule de ton cheval, parla pointe de ton glaive, que tu respecteras celle qui est devenue mon épouse, celle qui porte dans son sein le seul rejeton de ta famille… Tes fils je les ai tués, tu bois dans leurs crânes, leurs prunelles parent la poitrine de leur mère, leurs dents, celle de ta fille Bodvilda, mon épouse.

— Ah ! s'écria Nidur, jamais on n'a prononcé une parole qui me causât tant de douleur !...mais je ne puis me venger, je ne puis t'atteindre avec l'épée, toi qui planes dans la nue. »

Voilà le grand, le terrible forgeron qui a donné le jour à Joyeuse.

L’Edda contient ta généalogie, ô glaive du grand empereur, et l'univers a tremblé devant toi.

Il fallait à l'homme le plus étonnant du monde la plus étonnante épée.

C'est pendant qu'il méditait ses vengeances que le rude forgeron fabriqua ces armes puissantes qui, dans la suite des âges, brillèrent dans les mains des conquérants et soumirent peuples et rois.

Mais plus que toutes les autres, tu as brillé, ô Joyeuse, et, dans la main de Karl, tu es devenue une épée chrétienne, en combattant avec lui pour la foi.



Chapitre XXIV : Le roi Louis d'Aquitaine.
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