Nom en police de caractère adaptée

Les légendes d'Ourthe-Amblève - Frédéric Kiesel

Le trésor de Bovigny

Jadis, en ces temps troubles où l'Ardenne était ravagée par les armées et les bandits, des villageois menacés enfouissaient leurs «trésors» dans des endroits dont le secret n'était confié qu'à un petit nombre de gens sûrs. Souvent ils mouraient sans avoir pu récupérer les richesses que les années finissaient par rendre fabuleuses. D'autant plus que les trésors sans maîtres étaient considérés comme remis à la garde de Satan, ce qui donnait une explication infernale aux difficultés rencontrées par les chercheurs. Nombre de récits nous racontent comment le maître des enfers, royaume souterrain, défendait âprement les richesses qui avaient été confiées à la terre.

Près de la chapelle Saint-Martin, à Bovigny, se trouvait une fondrière insondable où, lors des guerres du XVIIe siècle, on avait jeté dans la boue les cloches de l'église et un coffre rempli d'or, d'argent et de pierres précieuses. Des dizaines d'années plus tard, la paix revenue, un hardi curé de Bovigny, qui s'y connaissait en exorcismes, voulut forcer le diable à rendre le trésor.

Il choisit deux hommes robustes et sans peur, leur demanda de l'aider dans son projet et leur dit:- Ne vous effrayez pas de ce qui se passera pendant mes conjurations. Il faut simplement que vous m'éclairiez de vos torches pour que je puisse lire mes exorcismes. Tant que vous garderez le silence et que vous tiendrez chacun un bout de mon étole, il ne pourra rien vous arriver.

Le soir, peu avant minuit, en grand secret, le curé était sur place avec ses deux acolytes. Dès leur arrivée, Satan manifesta sa colère en envoyant un ouragan subit qui brisa les arbres du bois voisin. Aux mugissements du vent se mêlaient des cliquetis de chaînes et autres bruits étranges de l'au-delà. Un taureau furieux, venu d'on ne sait où, fonça sur le petit groupe. Puis les trois compagnons furent entourés par un cercle de feu.N'oubliant pas ce que le curé leur avait recommandé, les deux fermiers ne lâchèrent ni leurs torches ni les bouts de l'étole. Aussi ne subirent-ils aucun mal et, par l'effet des exorcismes, la fondrière commença à bouillonner. Le coffre apparut bientôt, flottant sur la surface de l'eau boueuse. Il s'approchait lentement de la terre ferme quand l'un des compagnons du prêtre, croyant l'opération déjà réussie, s'écria:
- Enfin nous la tenons!
Ils ne tenaient rien du tout. L'impatient avait parlé trop tôt. Rompant le silence, il avait brisé les exorcismes et le coffre disparut dans la fondrière, à une profondeur double de la précédente.

C'est du moins ce qu'on dit à Bovigny, car plus jamais personne n'osa aller y voir. En effet, le curé et ses deux aides n'échappèrent que de justesse à cette aventure: les torches furent éteintes par un vent furieux, alors que l'ouragan qui les avait accueillis n'y était pas parvenu. Et tous trois ne sont rentrés au village qu'à l'aube, roués de coups, pouvant à peine se traîner. Ils avaient appris à leurs dépens que, pour défier le diable, il faut savoir tenir sa langue.

La chapelle Notre-Dame des MaladesLa chapelle Notre-Dame des Malades, intérieure

Située sur une colline, surplombant la rive droite du Glain, entre Beho et Bovigny, cette petite chapelle en moellons,
au pignon blanchi, fut construite sur le site du Mont Saint-Martin dans un cimetière de plan circulaire entouré d'une
muraille de moellons non liés, récemment restaurée.

L'existence d'une chapelle dépendant du domaine de Glain est attestée dès l'an 814. Il semble même vraisemblable qu'elle
soit plus ancienne et qu'on puisse la faire remonter aux environs de l'an 700.

Après 950, on ne trouve plus mention de la chapelle de Glain, et c'est vers 1130 qu'il est question pour la première fois
de l'église de Mont Saint-Martin. Celle-ci sera église paroissiale jusqu'au début du 18e siècle, époque où ce titre sera
transféré officiellement à l'église de Bovigny. Des documents mentionnent des autorisations accordées pour la récupération
des matériaux de la vieille église en 1717 et 1754 en vue de la construction de l'actuelle église de Bovigny. En 1849, lors
de la destruction définitive, les murs du clocher n'avaient plus que 3 mètres de haut et les murs de l'église étaient
quasiment partout au niveau du sol.




Retour à la liste des légendes
Retour à la page d'accueil

Site optimisé pour Firefox, résolution minimum 1024 x 768 px